Kimonos et nunchakus remis dans la housse après les deux volumes consacrés au Wu-Tang, El Michels Affair revient donc avec son premier album de compositions originales depuis 2005. Débutant sur des bases légèrement pop, à la fois vaporeuse et bucolique avec guitares acoustiques et fredonnements féminins, l’affaire glisse tranquillement dans une noirceur évoquant les films des ‘60s, ceux où les fêtes dans les villas des collines d’Hollywood finissent mal à force de trop d’hallucinogènes. L’insouciance prête à être secouée par le drame qui se trame, c’est sur fond de grooves lents ramenés des profondeurs par une basse inquiétante, qu’El Michels sort son saphir de son sillon soul funk habituel pour le poser dans un autre beaucoup plus cinématographique.

Enrobés d’un climat aussi nostalgique que mystérieux, hantés par des voix d’enfants et des rires de nourrissons qui amplifient le sentiment de malaise et de tension, des thèmes adultes très arrangés et appuyés par des cuivres lorgnant les partitions de David Axelrod, quelque part entre la fausse bande originale et l’album d’illustration sonore. Une affaire déroutante à la première écoute, fascinante dès les suivantes.

Franck Cochon

Note : ★★★½
Label : Big Crown
Sortie : 8 mai 2020