Athéna Blues Festival 2024
30.01.2025
;
21 janvier 2025.
Décidément, la Maroquinerie est en passe de devenir la salle de prédilection d’une certaine scène jazz française. Après Ludovic Louis et Léon Phal, c’est au tour du trio strasbourgeois Emile Londonien – un jeu de mots entre le nom du saxophoniste Emile Parisien et un goût pour la nouvelle scène du jazz british – d’y faire salle comble pour présenter, devant un public très jeune et très féminin, le répertoire de leur nouvel album, “Inwards”, sorti il y a quelques semaines.
Jolie (demi) surprise en ouverture avec un set solo claviers-machines-voix d’Ashley Henry, une des figures, justement, de cette scène britannique en pleine ébullition, qui interprète quatre titres de son dernier album, “Who We Are”, dont la chanson titre. Pas évident de s’imposer en première partie avec un répertoire aussi intimiste, qui repose essentiellement sur des titres en tempos moyens, mais Henry – qui promet un concert en avril avec son groupe au grand complet – parvient à capter l’attention du public et à la conserver.
Pas de difficulté de ce genre pour le trio formé par Matthieu Drago à la batterie, Midva au piano et Théo Tritsch à la basse, tant le public semble déjà familier de son répertoire et de sa musique, qui référence évidemment le son des Headhunters, mais se nourrit également d’influences plus contemporaines venues du monde de l’électro et du dub. Le résultat est évidemment hyper efficace et le groupe enchaîne plusieurs titres avant d’inviter Ashley Henry, présent sur le disque, à venir poser sa voix et un solo de clavier sur Another galaxy. C’est d’ailleurs sa connexion au dancefloor qui fait le point fort du trio, et une tentative plus ambitieuse, sur laquelle le groupe est rejoint par les saxophones de Jeanne Michard et Keïta Janota, me convainc moins, d’autant qu’elle est plombée par un très long solo de batterie, qui n’enlève cependant rien à l’enthousiasme du public.
Au final, le beau In motion, joliment arrangé, vient confirmer le potentiel d’un groupe qui devrait beaucoup faire parler de lui dans les prochains mois – et sans doute pas uniquement auprès du public jazz, l’agenda de l’ensemble annonçant déjà quelques dates dans des festivals grand public.
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Loïc VD