22 janvier 2022.

Les Shaggy Dogs pratiquent leur rock, tendance pub, depuis plus de vingt ans et leur réputation a largement dépassé les frontières hexagonales. Dress code rouge et noir, poses étudiées, répertoire personnel maîtrisé, arrangements précis, ils assurent avec un professionnalisme qui n’empêche pas l’investissement de chacun des membres. 

En mettant sur le devant de la scène un Espagnol, Victor Puertas, un Italien, Luca Giordano, et un Français, Sam Mr. Tchang, ce nouveau collectif – avec en renfort Antoine Escalier à la basse et le sorcier des tambours Pascal Delmas – mérite bien son appellation d’European Blues All Stars. Tous sont des habitués des scènes continentales, ils étaient réunis en novembre dernier pour accompagner la tournée de Crystal Thomas. Tous, sauf Mr. Tchang, qui n’est pas en territoire inconnu pour autant puisqu’il retrouve quasiment le band de son nouvel album, l’excellent “Time To Move”. 

C’est tout d’abord Luca Giordano qui prend la direction du groupe, envoyant un fougueux Buzz me, qui ne cache pas sa dette envers B.B. King, avant d’enchaîner sur un rythme jungle tout en agilité (Delmas se régale !). Il sait aussi se faire plus séducteur. Ses solos de guitare sont déliés, avec une belle touche West Coast. Le soutien et les solos de Victor Puertas à l’orgue sont aussi appréciables, mais, lorsque vient son tour de prendre le lead, c’est l’harmonica qu’il met en avant. Il puise aux meilleures sources, mais pas les plus visitées : What I have done, Sloppy drunk ou le Homework d’Otis Rush, remarquablement retravaillé. Et un boogie lui donne l’occasion d’une belle leçon d’harmo, passant du chromatique au diatonique, de l’évocation de Little Walter à celle de Sonny Boy II ou de Jimmy Reed. 

Depuis longtemps sur la brèche, mais pas encore reconnu à la hauteur de son talent, Mr. Tchang semble décidé à rebattre les cartes avec son dernier album dans lequel il puise à raison. Il se montre à l’aise dans tous les contextes : le blues contemporain avec le très enlevé Ain’t supertitious (pas celui du Wolf) en ouverture ; la délicate ballade I gotta woman et son long solo de guitare tout en finesse ; un Baby I miss you so qui monte en puissance pour s’achever façon gospel débridé. Avant un retour aux sources d’une Mississippi party, dans laquelle la guitare plus « terreuse » est rejointe par l’harmonica en mode roots. La salle n’y a pas résisté et tout le monde danse devant son siège –  mais dans le respect des gestes barrières ! – et ce n’est pas le morceau suivant qui va faire retomber la température : un jump blues à la Big Joe Turner, initié par Puertas et auquel tous vont apporter leur contribution. Les masques n’arrivaient pas à cacher les sourires de plaisir !

Le prochain rendez-vous tremblaysien est fixé au 12 mars avec Alabama Mike et session de rattrapage pour ceux qui ont manqué les Lowland Brothers au Triton.

Texte : Jacques Périn
Photos © J-M Rock’n’Blues
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