Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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20 novembre 2022, Centre culturel Christiane Faure, Limay (78).
C’est Lo Bianco qui s’y essaie le premier. En formule power trio, David Curci Lo Biancon, qui vient de Dijon avec Virgile Jondot à la basse et Romain Pascault à la batterie. Il privilégie la slide, insuffle du rock dans Kiss (Prince) ou du funk dans My babe (Little Walter), tandis que son Killing floor se réfère à Howlin’ Wolf. C’est carré, souvent dansant, mais il perd le lien avec le public quand il s’agenouille trop longtemps pour bricoler ses pédales d’effets, pour un résultat pas forcément convaincant.
Stéphane Kirchherr, au chant, à la guitare et à la mandole, Marie Ruby, au banjo et au chant, Frédéric Guérin, aux percussions et au chant, sont Strasbourgeois et se présentent comme Churchman, un trio « errant entre les univers de Tom Waits et O’Brothers ». S’y ajoutent des éléments glanés au cours de voyages et de rencontres pour obtenir une musique organique très personnelle, finement ciselée… mais fort éloignée du blues.
Changement de tonalité avec un quartette en provenance de Nîmes et Montpellier et répondant au curieux patronyme de Riri & The Racks. On est frappé par la jeunesse du chanteur-guitariste Vince Bassou au look millésimé fifties. Après un début hésitant, il trouve ses marques et révèle un jeu de guitare clair, délié, riche d’influences blues, rockab’ et country bien assimilées. Tout aussi intéressant est l’harmoniciste, Guillaume Defargues qui s’est formé à l’écoute des maîtres. À la rythmique, le batteur Manu Monnier nuance et le contrebassiste Gildas Le Garrec sait slapper ! Côté répertoire, on apprécie Last night (Little Walter) ou Feel so good chanté à la J.B. Lenoir. Il faut encore travailler la fluidité de l’ensemble, mais le talent et l’érudition sont là.
Ce n’est pas parce qu’il seul, en formule one-man band, que Vincent Bloyet fait dans l’introspection. Les vumètres passent au rouge encaissant les fougueux coups de bottleneck portés à la guitare tandis que les pieds martèlent grosse caisse (à droite) et caisse claire (à gauche). Le Breton doit se faire entendre dans les festivals en plein air ou les bars bruyants. Ici, dans une salle bien calme, il aurait peut-être dû mieux doser son effort. Car, entre reprises et compos personnelles, se révèle un artiste généreux et avide de partage.
Le tremplin se termine comme il a commencé, avec un power trio. Venu de Charente-Maritime, le Winter Blues Band est incarné par son leader, Quentin, tout en noir des boots au chapeau. Il se révèle excellent guitariste, sans doute le meilleur de la sélection, dans une veine qui trouve ses racines chez SRV ou Popa Chubby. Il avoue sa prédilection pour une belle guitare douze cordes qu’il manie avec un certain respect, et même tendresse lorsqu’il s’essaie à la ballade. Ses compositions personnelles sont aussi bien servies par une rythmique en phase (Cyril Babin à la basse et Sébastien Jonckhere aux drums).
Après une brève délibération du jury, signe d’un consensus trouvé sans trop de difficultés, le verdict tombe : c’est Riri & The Racks qui remporte le Tremplin 2022 de Blues sur Seine. Ils auront la chance de se produire l’an prochain dans quatre festivals importants : celui de Blues sur Seine, bien sûr, mais aussi lors de Cognac Blues Passion, du Munster Jazz Festival et de Jazz à Vienne.
Texte : Jacques Périn
Photos © Miss Béa
Le jury
Annabel Fleuret, directrice de l’école de musique Les 4s’Arts à Mantes-la-Jolie
Christian Lemorvan, rédacteur en chef de Blues Magazine
Marc Loison, animateur de l’émission Sweet Home Chicago sur Radio 666 à Héronville-St Clair et chroniqueur à Soul Bag.
Didier Marty, chef d’orchestre, saxophoniste et chanteur
Jacques Périn, fondateur de Soul Bag
Sébastien Picot, chargé de production du festival Blues sur Seine
Danielle Zirotti-Loison, animatrice de l’émission Moonshine Blues sur Radio 666, à Hérouville St Clair.