Jon Cleary annonce “The Bywater Sessions”
04.03.2025
George Jackson, décédé le 14 avril 2013, était un des architectes majeurs de la scène soul sudiste des années 1960 aux années 2000. Interprète et producteur occasionnel, c’est surtout comme auteur-compositeur qu’il a marqué de son empreinte la musique populaire afro-américaine.
Né en 1945 à Indianola, dans le Mississippi, c’est à La Nouvelle-Orléans et sous la houlette d'Ike Turner qu’il fait ses débuts discographiques en 1963. Sa carrière d’interprète se poursuivra ponctuellement jusqu’au début des années 1990, avec une série de 45-tours et quelques albums, en général pour de petits labels et parfois sous des noms d’emprunt. Il décroche même un petit succès avec Aretha, sing one for me, paru en 1972 sur Hi. Une partie de ces enregistrements figurent sur la compilation “In Memphis 1972-1977”.
C’est cependant en tant qu’auteur qu’il se fait remarquer, dès le milieu des années 1960, par Quinton Claunch, le patron de la maison de disque Goldwax. Avec son partenaire d’écriture Dan Greer, il écrit pour les différents artistes du label de Memphis, de James Carr aux Ovations en passant par Spencer Wiggins, avec qui il décroche l’un de ses premiers succès, Old friend (You asked me if I miss her). Lorsque Goldwax ferme ses portes, il est embauché comme auteur maison chez Fame, où ses compositions sont enregistrées, entre autres, par Clarence Carter (Too weak to fight), Wilson Pickett (A man and a half) et, surtout, Candi Staton (I'd rather be an old man's sweetheart (Than a young man's fool), I'm just a prisoner (Of your good lovin'), entre autres). C’est cependant avec les Osmonds qu’il décroche un tube pop inattendu, quand le “boys band” familial emmène son One bad apple au sommet des classements.
Transféré à la fin des années 1970 chez Muscle Shoals, il y poursuit son œuvre d’auteur, écrivant aussi bien pour James Brown (It's too funky in here) que pour Bob Seger (Old time rock & roll, traduit en belge sous le titre Le bon vieux temps du rock and roll). C’est chez Malaco, qu’il rejoint en 1982, qu’il s’épanouit pleinement : enregistrées par Z.Z. Hill, deux de ses compositions, Down home blues et Cheatin' in the next room, contribuent à relancer la scène soul sudiste. De Bobby Bland à Denise LaSalle en passant par Little Milton, il écrit pour l’ensemble des artistes du label, et c’est avec un de ses morceaux, Last two dollars, interprété par Johnnie Taylor que Malaco décroche un de ses plus grands succès.
D’une timidité maladive, peu intéressé par la popularité, Jackson s’est longtemps contenté d’une notoriété limitée au cercle des amateurs de soul sudiste. La parution de plusieurs disques consacrés à ses démos pour Malaco (sur Grapevine) puis pour Fame (sur Kent) a permis de mieux mettre en lumière sa contribution exceptionnelle, en tant qu’auteur, à l’histoire de la soul, mais aussi de faire découvrir des talents d’interprète jusqu’ici mal documentés sur disque.
Frédéric Adrian
George Jackson devant le “blues marker” consacré à Malaco © Courtesy of Mississippi Blues Commission