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Live reports / 01.07.2019

Gov’t Mule, La Cigale, Paris

4 juin 2019. 

Un concert de Gov’t Mule peut être une épreuve pour ceux qui comme moi aiment leurs solos de guitare retenus, et leurs morceaux concis et dominés par le chant. Le concert commence pile à l’heure sur un très beau Soulshine, composé par Warren Haynes pour le Allman Brothers Band. On est plutôt en terrain connu, mais les choses vont vite dériver hors des sentiers battus. 

Il faut bien avouer que c’est une expérience assez fascinante que de voir ces quatre grands musiciens forger des sonorités sous nos yeux. On vient pour observer le laboratoire au travail, et on a un peu l’impression d’être derrière une vitre protectrice pour éviter les projections de produits toxiques. Les morceaux s’enchaînent avec assez peu d’interaction avec la salle, Warren est assez placide, parle peu, et nous fait profiter assez rarement de son beau chant de prêcheur. Parfois les scientifiques se prennent les pieds dans leur blouse, laissent tomber leurs béchers et se gamellent un peu mais c’est pas grave. Warren tente une rythmique reggae sur un beat qui ne s’y prête qu’à moitié, il insiste, mais ça ne passe pas, tant pis. 

Parfois, le précipité déborde et on a l’impression de voir Bruce Banner se transformer en incroyable Hulk. La salle rugit de plaisir mais nos laborantins gardent leur calme. Les incursions reggae sont nombreuses et nous offrent les plus beaux moments, quand la tentation du solo fait place à un son plus cohésif, qui met la rythmique en avant. Danny Louis, aux claviers, est très à l’aise dans cette ambiance jamaïcaine et nous gratifie d’échos des Upsetters de Lee Scratch Perry. On se lèverait bien pour danser, mais tout le monde est assis, il ne faudrait pas troubler le protocole expérimental. 

Warren Haynes, Matt Abts, Jorgen Carlsson
Danny Louis

Pour les curieux de la musique, c’est un festival, on a droit à un mini medley des Beatles avec She said, she said, extrait de “Revolver”, qui dérive sur Tomorrow never knows du même album. Le second set se termine sur une série de reprises qui font apprécier la diversité de la palette de Haynes et ses collègues. Things ain’t what they used to be de Duke Ellington est repris assez sagement mais efficacement à l’aide d’une guitare demi-caisse, suivi de I’m a ram d’Al Green, plus passionné. On termine en rappel sur Breaking up somebody’s home au cours duquel on aura apprécié la participation de Tyler Bryant, jeune guitariste nashvillien de hard rock, qui apporte un peu de jeu de scène rock and roll dans ce labo de geeks à l’approche finalement très cérébrale.  

Texte : Benoit Gautier
Photos © J-M Rock’n’Blues
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