D’Wayne Wiggins (1961-2025)
10.03.2025
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Originaire de Rosedale, dans le Mississippi, Isaac Holt grandit à Chicago. Il commence à jouer de la batterie au lycée, où il croise la route du pianiste Ramsey Lewis et du bassiste Eldee Young. Il poursuit ses études de musique à l’université puis, après son service militaire, monte en 1956 un trio avec Lewis et Young, qui fait ses débuts sur Chess avec “Ramsey Lewis And His Gentlemen Of Swing”.
Pendant dix ans, le groupe enchaîne les albums – une bonne vingtaine sur la période – et devient très populaire sur le circuit live avec son jazz accrocheur qui lui permet également de décrocher quelques tubes au début des années 1960, avec ses versions de Wade in the water, The “in” crowd et Hang on sloopy. Holt publie également un album sous son nom, “Look Out!! Look Out!!”, gravé avec Lewis et Young. En dehors du trio, il enregistre avec James Moody et Earl Bostic.
Holt et Young décident de voler de leurs propres ailes à partir de 1966, montant leur propre trio, d’abord sous le nom du Young-Holt Trio avec le pianiste Don Walker puis sous celui de Young-Holt Unlimited avec Ken Chaney. Le groupe décroche également quelques succès comme Wack-wack et surtout Soulful strut… sur lequel, selon toute probabilité, ni Young ni Holt ne jouent !
Young quitte le groupe en 1974, mais Holt, qui est propriétaire du nom, continue à se produire sous celui-ci. Il retrouve ponctuellement Young, par exemple sur la scène de Montreux en 1988, pour un concert publié un peu plus tard sur disque. Il continuait à se produire régulièrement jusqu’à ce que la pandémie interrompe la vie des clubs, et avait même publié un album sous son nom en 2019, “It’s A Take”.
Né dans l’Oklahoma, mais élevé en Californie, l’organiste Reuben Wilson fait ses débuts sur la scène de Los Angeles puis s’installe à New York où il monte avec le batteur Tommy Derrick le groupe Wildare Express, qui publie quelques singles et un album pour Brunswick, avant de lancer sa carrière solo avec un premier disque pour Blue Note, “On Broadway”, qui sort en 1968.
Devenu une figure de la scène soul jazz du moment, il enchaîne avec quatre autres albums pour le label, suivi de trois autres pour Groove Merchant et d’un pour Cadet, sous le nom de Reuben Wilson And The Cost Of Living. En parallèle, il travaille en studio avec le Harlem Underground Band (avec George Benson notamment) et enregistre pour des disques de Willis “Gator Tail” Jackson et du Fatback Band.
Tombé dans l’oubli à partir des années 1980, il voit sa carrière ressusciter à la fin des années 1990 dans la lignée de la mode de l’acid jazz et de l’utilisation de sa musique par des producteurs hip-hop. Il apparaît ainsi sur le deuxième volume de Jazzmatazz de Guru, accompagne son contemporain Melvin Sparks, participe à plusieurs projets all stars (Essence All Stars, Masters Of Groove, The Godfathers Of Groove…) et publie même une série de nouveaux disques sous son nom. Il se produit régulièrement en club, apparaissant notamment en 2011 au Sunset avec Bernard Purdie et Grant Green Jr.
Photo d’ouverture © Francis Wolff
Originaire de New York, Cynthia Weil fait des études de théâtre et de danse, mais c’est dans l’écriture de chanson qu’elle se fait remarquer dès le tout début des années 1960, intégrant les équipes qui travaillent régulièrement pour les éditeurs du Brill Building. Spécialiste des textes, elle écrit avec différents compositeurs (dont Phil Spector), mais c’est avec Barry Mann qu’elle noue un partenariat privilégié, au point de l’épouser en 1961.
Si ses chansons sont d’abord enregistrées par des artistes issus de la grande variété, elle ne tarde pas à se faire remarquer des producteurs de R&B, proposant en particulier des chansons aux Drifters ou aux Crystals. Par rapport à l’ordinaire du genre, ses textes se singularisent par la présence d’un message à caractère social. Contrairement à d’autres auteurs issus du Brill Building, elle réussit, avec Barry Mann, à rester active après l’arrivée de la British Invasion, et des groupes pop et rock comme les Animals et les Monkees interprètent ses morceaux.
Toujours active dans les années 1980 et 1990, notamment pour le cinéma, son dernier titre classé remonte à 1997, avec I will come to you du trio pop Hanson. Parmi ses titres les plus connus figurent Don’t know much, popularisé par Aaron Neville et Linda Ronstadt, He’s sure the boy I love (The Crystals), Just a little lovin’ (Early in the morning) (Dusty Springfield), None of us are free (Ray Charles puis Solomon Burke), On Broadway (les Drifters), Running with the night (Lionel Richie), Saturday night at the movies (les Drifters), Uptown (The Crystals), We gotta get out of this place (les Animals), He’s so shy (The Pointer Sisters) et You’ve lost that lovin’ feelin (The Righteous Brothers).
Au fil des années, ses chansons ont été enregistrées, entre autres, par Roy Orbison, Elvis Presley, Chaka Khan, Nancy Wilson, les Ronettes, les Shirelles, Freda Payne, Wilson Pickett, Lou Rawls, les Beatles, Fontella Bass, les Miracles, Isaac Hayes, Marlena Shaw, Dionne Warwick, Thelma Houston, Sarah Vaughan, Roberta Flack, Johnny Winter, Jackie Wilson, les Emotions, Tina Turner, Nina Simone, George Benson, Diana Ross…
Figure de l’industrie musicale de La Nouvelle-Orléans à partir de la fin des années 1950, aussi bien comme accompagnateur que sous son nom et à la tête de différents groupes – The Stereos, TLinks, Mickey and the Failures, The Phinxs et l’improbable Ronnie Reverb and the Equalizer –, Earl Stanley, qui revendiquait le fait d’avoir introduit la basse électrique dans les studios de la ville, a largement contribué au son local, sans cependant jamais décrocher le tube qui en aurait fait une vedette.
Il fait ses débuts à la fin des années 1950 au sein de l’orchestre de Dr. John, avec lequel il enregistre des classiques locaux comme Morgus The magnificent, crédité à Morgus and the Ghoul, Just a moment de Roland Stone ou Think it over de Jimmy Donley. Habitué des clubs de Bourbon Street, comme le Papa Joe’s, il monte au début des années 1960 son propre groupe, The Nightawks, qui se rebaptise Earl Stanley & The Stereos pour accompagner le chanteur Eddie Powers (le classique Gypsy woman told me), puis le temps d’une collaboration impromptue avec Eddie Bo, Roger & The Gypsies. C’est sous ce nom que Stanley décroche le principal succès de sa carrière avec Pass the hatchet, dont il est le co-auteur. En parallèle, il monte son propre studio, Thunder Recording Company, ainsi que plusieurs microlabels.
Plus discret dans les décennies suivantes, il fait son retour au début des années 1990, apparaissant sur des disques de Roland Stone, Coco Robicheaux, Ironing Board Sam, Little Freddie King et Willy DeVille et participant à plusieurs éditions du Ponderosa Stomp.
Originaire de Cincinatti, Sheldon Reynolds se fait remarquer dès l’adolescence pour ses talents de guitariste et se lance rapidement dans une carrière de musicien professionnel, tournant en particulier avec Millie Jackson. En 1980, il intègre le groupe Sun de Byron Byrd, dont il devient le chanteur principal et le guitariste le temps de trois albums. Il rejoint ensuite les Commodores en remplacement du membre fondateur Thomas McClary, participant également à trois disques (dont “Nightshift”), puis intègre Earth Wind & Fire à partir de l’album “Touch The World” jusqu’à “In The Name Of Love”, jouant également sur des disques solos de Maurice White et de Phillip Bailey.
Il travaille ensuite régulièrement avec le musicien smooth jazz Brian Culbertson et publie en 2017 un disque personnel, “It Is Love”, crédité à Sheldon Reynolds & The Family. Outre ses travaux de groupe, il a également enregistré avec Smokey Robinson, les Pointer Sisters, Take 6, Rahsaan Patterson, Lenny Williams… Un temps marié à la sœur adoptive de Jimi Hendrix, il participe à plusieurs disques hommage, notamment aux côtés de Billy Cox et Buddy Miles.
Né à Macon, Jerome Thomas – qui se rebaptisera Jamal plus tard – crée son premier groupe, The Planets, dès sa sortie du lycée. L’ensemble est remarqué par Joe Simon, qui en fait son orchestre de tournées. Thomas s’impose ensuite comme batteur de studio, en particulier aux studios Capricorn de Macon, puis rejoint le groupe de rock sudiste Black Oak Arkansas.
Au début des années 1980, il intègre le S.O.S. Band, avec qui il enregistre quatre albums, de “III” à “Sands Of Time”. Avec ses collègues, il accompagne également Eddie Kendricks sur l’album “I’ve Got My Eyes On You”. Dans les années 1990, il fait partie du groupe de Maceo Parker, qu’il accompagne sur scène et sur disque jusqu’en 2011, participant notamment aux albums “Maceo” (de 1994), “Funkoverload”, “Dial: Maceo”, “Made in Maceo” et “School’s In!”.
Installé en Belgique, il monte son propre ensemble, avec qui il enregistre en particulier “Future” en 2013 et “Funk Don’t Move” en 2018, et travaille avec différents musiciens locaux.
Tony McPhee n’a que 18 ans – et déjà une certaine expérience en tant que guitariste d’un groupe instrumental, les Seneschals – quand il rejoint les Dollar Bills des frères Pete et John Cruickshank, et c’est sous son influence que l’ensemble s’oriente vers un son influencé par le blues et se rebaptise en clin d’œil à John Lee Hooker les Groundhogs.
Avant de commencer à enregistrer sous son nom, le groupe fait son apprentissage sur les routes britanniques, accompagnant différents musiciens de passage comme Hooker, mais aussi Little Walter, Jimmy Reed et Champion Jack Dupree. C’est avec Hooker (et les Groundhogs) que McPhee fait ses débuts en studio avant d’enregistrer avec Champion Jack Dupreee, d’abord pour un single en duo pour Blue Horizon, puis pour un album Decca où il partage la guitare avec un certain Eric Clapton, et avec Eddie Boyd ainsi qu’avec Jo Ann Kelly.
Les Groundhogs font leurs débuts discographiques en 1965 et publient leur premier album en 1968. Encore présentes sur leurs premiers enregistrements, les influences blues s’effacent progressivement et le groupe, dont McPhee reste la seule constante au fil des changements de personnel, s’oriente, avec succès, vers un rock musclé qui préfigure le hard rock. Il n’oublie cependant pas tout à fait le blues, accompagnant par exemple Billy Boy Arnold dans les années 1970.
Les années 1990 le voient, comme nombre de ses collègues, revenir vers le blues, et il produit plusieurs albums dans ce registre, sous son nom et sous celui des Groundhogs. Des problèmes de santé le conduisent à réduire son activité à partir de la fin des années 2000.
Originaire de Port Arthur, Walter T. Higgs s’installe à Austin au début des années 1970 et ne tarde pas à se faire une place sur la très active scène locale, jouant notamment régulièrement dans le house band de chez Antone’s et animant pendant plus d’une décennie une jam-session très courue au Friends Bar de 6th Street. S’il n’a pas mené la carrière internationale de certains de ses contemporains, il a enregistré deux albums, “May I Rock You” en 1989, produit par Eddie Stout avec la participation de Uncle John Turner et Mike Morgan, et “Just A Few Miles To Go” produit par Riley Osbourn avec Derek O’Brien, Johnny Moeller, George Rains…
Figure de la scène blues de Tucson, dans l’Arizona, et mentor de nombreux musiciens locaux, le chanteur et batteur George Howard se produisait essentiellement localement, en particulier avec le Subterranean Blues Band, le Statesboro Blues Band et Dr. Mojo and the Zydeco Cannibals. Il avait également fondé le Tucson Musicians Museum.
Figure également de la scène blues de Tucson, la chanteuse Anna Warr se produisait avec différents groupes locaux, dont celui de la pianiste Losa Otey, avec qui elle apparaît sur l’album “Viva la Diva!”. Elle avait tourné en Europe avec le pianiste néerlandais Mr. Boogie Woogie, chantant sur son album “Live At The Duke”.
Figure de la scène soul britannique à partir des années 1980, Laverne Brown se fait remarquer en tant que chanteur du groupe Red Beans And Rice, qui connaît un petit succès avec sa version de That driving beat de Willie Mitchell. Il se produit ensuite avec différents ensembles comme le Madassa Soul Band, avec qui il grave un album en 2012, et l’orchestre de Jools Holland.
Figure de la scène blues de Houston, le chanteur et guitariste Eugene Moody se produisait régulièrement dans les clubs locaux comme le El Nedo Cafe avec son Blues Back Band, croisant régulièrement la route des légendes locales comme Texas Johnny Brown. Living Blues lui avait consacré un portrait dans un numéro dédié à Houston paru en 1998.
Textes : Frédéric Adrian