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Hommages / 19.04.2020

Ils nous quittent : Lee Gates, Ellis Marsalis, John Prine, Knox Phillips, Vaughan Mason, Phil Phillips…

Hommages aux artistes et personnalités disparus ces derniers semaines. 

Lee Gates (1937-2020)
Né dans le Mississippi, c’est à Milwaukee, Wisconsin, qu’il s’installe à l’âge adulte et qu’il y lance sa carrière dans les clubs locaux et aux environs. Il y aurait ponctuellement accompagné Sonny Boy Williamson II, au cours du séjour de celui-ci dans l’État. Cousin d’Albert Collins (même s’ils ne se connaissent pas avant les années 1970), il attend le début des années 2000 pour se faire entendre sur disque, grâce à Music Maker, qui publie trois albums. Même si le référendum de Living Blues le proclame en 2007 « artiste méritant le plus d’attention », sa réputation ne dépasse cependant pas le cercle des amateurs les plus curieux, d’autant qu’il ne semble pas s’être produit en France.
Photo © DR

Ellis Marsalis (1934-2020)
Musicien – une dizaine d’albums sous son nom et de nombreuses collaborations – et enseignant – Harry Connick Jr. et Donald Harrison, entre autres, ont été ses élèves –, le patriarche de la famille Marsalis a marqué de son empreinte la musique de La Nouvelle-Orléans. Si la majorité de son œuvre se rattache évidemment au jazz, il prend part à l’aventure des All For One lancée par Harold Battiste, et son album “Monkey Puzzle – Ellis Marsalis Quartet At The Music Haven” est le premier à être publié sur AFO Records. Son piano se fait ponctuellement entendre sur des disques de Johnny Adams, Irma Thomas ou Kermit Ruffin.

John Prine (1946-2020)
Figure majeure, au côté de Townes Van Zandt ou de Guy Clark, à partir des années 1970 d’une certaine country non-nashvillienne, ses chansons ont été reprises, entre autres, par Bettye LaVette (Souvenirs), Swamp Dogg (Sam Stone), Bonnie Raitt (Angel from Montgomery), Susan Tedeschi, Watermelon Slim, Robert Finley, Shemekia Copeland… Il est également présent sur le nouvel album de Swamp Dogg.

Knox Phillips (1945-2020)
Fils du fondateur de Sun Sam Phillips et de son épouse Becky – elle-même DJ de radio à Memphis sur WHER, la radio exclusivement féminine lancée par son mari –, Knox Phillips a grandi au cœur des musiques de la ville, qu’il s’agisse de jouer dans le bus de tournée d’Ike Turner, de partager son petit déjeuner avec Elvis Presley ou d’assister aux séances du Sun Studio. Initié à peine adolescent aux techniques d’enregistrement par son père et Scotty Moore, il travaille dès le milieu des années 1960 dans le studio paternel Phillips Recording comme ingénieur du son et producteur. Si une bonne partie des projets auxquels il est associé sont éloignés des centres d’intérêt de Soul Bag – de Jerry Lee Lewis, dont il produit quelques une des séances les plus réussies des années 1970, à Willie Nelson, en passant  par John Prine ou Randy & the Radiants –, il travaille également avec Mel & Tim et les Manhattans et collabore à différents projets pilotés par James Dickinson, comme l’anthologie “Memphis Development Foundation Presents: Beale Street Saturday Night”, sur laquelle apparaissent entre autres Furry Lewis, Sleepy John Estes et Teenie Hodges, ou les deux volumes de sa “Delta Experimental Projects Compilation”. 

Phil Phillips (1926-2020)
Né à Crowley, en Louisiane, Phil Phillips est resté l’homme d’un seul titre, Sea of love. Produit par Eddie Shuler, la chanson – écrite par Phillips mais co-signée par George Khoury et publiée sur le label de celui-ci avant d’être reprise par Mercury – est un énorme tube en 1959, 1er dans le classement R&B et 2e du Hot 100 de Billboard. Mécontent des conditions financières, Phillips décide de renoncer à sa carrière et quitte Mercury moins de deux ans après son succès, se contentant ensuite d’une paire de 45-tours pour Lanor. Utilisée régulièrement au cinéma et dans la publicité, multi-reprise (Tom Waits, Robert Plant avec les Honeydrippers…), sa chanson continue son parcours, donnant même son titre à un film en 1989, et Phillips se laisse parfois convaincre de la rechanter, notamment à l’occasion du Ponderosa Stomp de La Nouvelle-Orléans… 

Sam Clayton Jr (1961-2020)
Hommes aux multiples talents – il a notamment fait partie de l’équipe de bobsleigh de Jamaïque, inspiration du film Rasta Rockett -, Sam Clayton Jr, fils d’un membre des Mystic Revelation of Rastafari, fait ses débuts d’ingénieur du son dans les studios de son île natale pour des artistes comme Horace Andy et Ernest Ranglin. Installé en France, il poursuit son travail avec la scène reggae locale, mais collabore également avec le label Dixiefrog et le tourneur Nueva Onda, assurant en particulier le lien avec la fondation Music Maker, dont il accompagne régulièrement les artistes en tournée en tant qu’ingénieur du son et road manager. 

Charlie Roberson (19??-2020)
Remarqué sur la scène soul de Dallas à partir de la fin des années 1960, il attend le milieu des années 1980 pour enregistrer une poignée de 45-tours – en collaboration notamment avec Geater Davis et Al TNT Braggs – et un album hélas desservi par une production à l’économie. Un dernier album paraît au début des années 2000 (sous le nom de Charlie Robinson) dans un registre de soul sudiste synthétique.

Larry Griffin (19??-2020)
Le chanteur avait fondé à la fin des années 1990 Serieux, un groupe vocal dans la lignée des Temptations. Habitué du circuit de la nostalgie, notamment à Las Vegas, le groupe a participé à différentes comédies musicales, accompagné sur scène l’ancien Temptation Ali-Ollie Woodson et enregistré un album, “I Can Give You Love”, avec G.C. Cameron. 

Jymie Merritt (1926-2020)
Originaire de Philadelphie, le bassiste – pionnier de la basse électrique – se fait remarquer au sein des Jazz Messengers d’Art Blakey dès la fin des années 1950, avant de rejoindre les groupes de Chet Baker, Max Roach puis Lee Morgan. C’est cependant côté R&B qu’il fait ses débuts à la fin des années 1940, au sein des ensembles de Bullmoose Jackson et du batteur Chris Powell, avant de rejoindre au milieu des années 1950 l’orchestre de B.B. King, avec qui il grave quelques faces, parmi lesquelles Sweet little angel.  

Richie Pitts (1938-2019)
Habitué des groupes vocaux dans les années 1960 – les Newtones, puis les Strangers –, Richard Pitts se fait remarquer quand il rejoint au milieu de la décennie les Velours, qui deviennent un peu plus tard les Fantastics. Installé en Angleterre dans le courant des années 1970, il s’impose rapidement sur la scène soul locale, enregistrant notamment pour Contempo et apparaissant jusqu’à sa disparition dans de nombreux événements.

Sandy Anderson (19??-2020)
Membre fondateur du groupe disco funk Unlimited Touch, le bassiste (et chanteur occasionnel) Samuel “Sandy” Anderson participe au deux albums parus sur Prelude au début des années 1980 et aux tubes R&B I hear music in the street et Searching to find the one. Il mène en parallèle une carrière de studio qui le voit accompagner Enchantment, France Joli, Evelyn “Champagne” King et quelques autres. Il faisait partie d’Unlimited Touch lors du passage du groupe à Lyon et à Aulnay-sous-Bois en mai 2019.

Ted Ford (1948-2020)
Originaire d’Alabama, Ted Ford – qui se fait parfois appeler Sir Ted Ford – enregistre une poignée de 45-tours entre le milieu des années 1960 et la fin des années 1970, notamment pour Sound Stage 7 et Seventy Seven Records. Son You’re gonna need me est considéré comme un petit classique de la northern soul. 

Joseph Lowery (1921-2020)
Figure majeure de la lutte pour les droits civiques, proche lieutenant de Martin Luther King, vice-président de la Southern Christian Leadership Conference à sa fondation, le pasteur Joseph Lowery avait reçu en 2009 la Médaille présidentielle de la Liberté.

Bob Andy (1944-2020)
Légende de la musique jamaïcaine, Bob Andy avait notamment connu le succès avec une reprise du Young gifted and black de Nina Simone, enregistré en duo avec Marcia Griffith.

Bucky Pizzarelli (1926-2020)
En parallèle à sa prolifique carrière de soliste côté jazz, Bucky Pizzarelli a longtemps été très actif dans les studios new-yorkais. Il a ainsi participé à différentes séances R&B pour Atlantic au début des années 1960 (Cry to me de Solomon Burke, This magic moment et Save the last dance for me des Drifters, la version originale de Twist and shout par les Top Notes…), ainsi qu’à un des albums de Columbia d’Aretha Franklin (“The Electrifying”) et au premier disque de Robert Flack. 

Ronn Matlock (19??-2020)
Originaire de Détroit, Ronn Matlock n’a publié qu’un seul album sous son nom, “Love City”, paru en 1979 sur Cotillon, considéré comme un classique “rare groove”, mais l’essentiel de sa carrière musicale s’est faite en coulisse, comme auteur-compositeur pour Motown (Bobby Taylor, les Originals, Eddie Kendricks, David Ruffin…) et ailleurs (Shirley Caesar, Keith Barrow (le tube Turn it up), Ray, Goodman & Brown, Millie Scott…).

Vaughan Mason (19??-2020)
Batteur, guitariste et chanteur, Mason s’est surtout fait remarquer pour son tube disco de 1979, Bounce, rock, skate, roll, hymne des “roller discos” de l’époque crédité à Vaughan Mason & Crew et régulièrement samplé depuis. En 1980, le groupe est même embauché pour assurer la première partie de la tournée Fire It Up de Rick James, ouvrant chaque date avant de laisser la place à Prince ! Sans retrouver ensuite le même niveau de succès, il poursuit sa carrière sur Salsoul et mène tout au long de la décennie 1980 des activités d’auteur-compositeur, producteur et ingénieur du son pour différents labels dont Salsoul, Groove St. et Atlantic. Une version de Vaughan Mason and Crew dont il était le seul membre original se produisait encore récemment sur le circuit de la nostalgie.

Onaje Allan Gumbs (1949-2020)
Outre une série de disques personnels, généralement dans un registre smooth jazz, le clavier originaire de New York a été un accompagnateur prolifique. Collaborateur régulier de Norman Connors et Roy Ayers dans les années 1970, il a également été entendu sur des disques de Phyllis Hyman, Fatback, T.S. Monk, Kurtis Blow, Gwen Guthrie, Marlena Shaw, Will Downing, Patti Austin, Angela Johnson… 

Patrick Francfort (19?? -2020)
Présent sur la scène parisienne depuis la fin des années 1960, le batteur se fait remarquer aux côtés de Manu Dibango avant de fonder avec ses frères les Gibson Brothers. Lancé par les producteurs Daniel Bangalter et Jean Kluger, le trio fraternel décroche une série de tubes internationaux au cœur des années disco (Cuba, Qué sera mi vida), tout en accompagnant sur disques leurs collègues d’écurie Ottawan et la Compagnie Créole. En parallèle, Francfort continue à accompagner en studio les artistes de la scène afro-caraïbe parisienne. Au début des années 1980, alors que le succès commercial du groupe s’éloigne – ce qui ne l’empêche pas de continuer à se produire sur le circuit de la nostalgie –, il crée un club rue des Lombards à Paris, le Baiser Salé, toujours actif aujourd’hui. 

Textes : Frédéric Adrian

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