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Live reports / 22.07.2024

Janelle Monáe, La Seine Musicale, Boulogne-Billancourt, 2024

7 juillet 2024.

Un an après la sortie d’un des meilleurs albums de 2023 “The Age Of Pleasure”, la chanteuse-danseuse-actrice-entertainer Janelle Monáe était enfin de retour en région parisienne, à La Seine Musicale, cinq ans après sa dernière prestation dans la même salle.

La soirée débute avec deux premières parties : la chanteuse américaine Kim Nicky et l’artiste britannique George Riley. Si Riley présente son univers soul aux influences électroniques avec son album “Un/limited love” et une cover uptempo de Diamonds de Rihanna un peu compliquée à reconnaître jusqu’au refrain, c’est surtout Kim Nicky (Kimberly Nichole de son vrai nom) qui vole la vedette de ce début de soirée. Sa voix puissante et ses chansons mêlant un style R&B et rock sont pour la plupart des spectateurs présents une découverte et vraie surprise qui donnent envie d’explorer l’univers de la native de Seattle. 

George Riley

Avec une entrée triomphante vêtue de son manteau de fleurs, Janelle Monáe flotte littéralement sur la scène avec… Float, et prend le temps pour un toast de célébration de la vie avant de passer sur Champagne shit. L’artiste de 38 ans, accompagnée de ses danseuses (Helen Gedlu et Asha Franklin) délivre un véritable spectacle, chaud en couleurs, chorégraphies, tenues dans l’univers de son “The Age Of Pleasure”, tout en passant par ses anciens projets “Dirty Computer” avec Django Jane, ou encore “Electric Lady” avec Q.U.E.E.N. et le titre éponyme. L’artiste en profite également pour inviter plusieurs fans à danser sur scène, créant une vraie proximité avec le public.

Chacun des musicien/nes est mis/e en avant durant les interludes, montrant que Janelle est entourée de très talentueux instrumentistes, avec Lessie Donner à la trompette, Lexi M. Hamner au trombone, Kyla Wright à la basse, De’Arcus Curry à la batterie et Kellindo Parker à la guitare.

Nouveau changement de costume dans la foulée, avec l’apparition des iconiques pantalons vulves pour Pynk, puis un détour par Yoga, la chanson – issu de l’EP de son label Wondaland “The Eephus” – qui annonçait dès 2015 le changement d’univers. I like that, de “Dirty Computer”, fait office de final, mais il ne faut pas longtemps au public pour convaincre l’artiste de faire son retour. Nouveau look, à nouveau, avec un élégant costume noir et un chapeau, pour reprendre Make me feel, avec une chorégraphie à l’évidente inspiration Jackson, puis un retour au début de sa carrière avec deux des tubes des premiers albums, Cold war et Tighrope, qui n’ont rien perdu de leur efficacité près de quinze ans après leur sortie. 

Asha Franklin, Janelle Monáe, Helen Gedlu

Dans une ambiance électrique – nous sommes un soir de résultats électoraux –, Janelle Monáe, qui n’a jamais caché ses engagements, attend ce moment pour mentionner l’actualité du jour, mais aussi les présidentielles américaines à venir. Elle évoque la situation dramatique des enfants de Palestine, du Congo, d’Haïti et du Soudan, appelle à lutter contre l’antisémitisme, l’islamophobie, l’homophobie et les discriminations contre les personnes sans-abri et rappelle l’importance d’enseigner à l’école l’histoire afro-américaine et celle des femmes. 

Pas question de la laisser partir après Tightrope, et le public a bien raison d’en redemander puisque c’est avec une belle surprise que l’artiste revient sur scène : une reprise – inaugurée quelques jours plus tôt lors d’un concert à Manchester – du Moonage daydream de David Bowie, qui lui va mieux que bien. Dernier clin d’œil à ses débuts, Come alive (The war of the roses) vient clore en beauté une soirée tout à fait à la hauteur de ses promesses et confirmer la place singulière qu’occupe Janelle Monáe, que Soul Bag suit depuis 2008 (juste après la sortie de son premier EP), au sein de l’univers soul et R&B d’aujourd’hui. 

Texte : Frédéric Adrian et Emma Ragot
Photos © Frédéric Ragot

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