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Live reports / 09.10.2024

Jazz Celebration 2024, Théâtre du Châtelet, Paris

23 septembre 2024.

Au vu de la place occupée par la musique live sur son antenne, il était évident que la scène devait être présente dans la programmation des festivités du 25e anniversaire de la radio TSF Jazz. Plutôt qu’une revue “all stars” sur le modèle de sa traditionnelle You & The Night & The Music, c’est à une véritable création que les équipes de la radio conviaient les amateurs dans le cadre élégant du Théâtre du Châtelet : un répertoire de 25 standards choisis par les auditeurs, de Petite fleur et Take five à Don’t know why et Strasbourg Saint-Denis, interprétés, dans différentes configurations, par une sélection de musiciens habitués des programmations de la station avec la complicité de l’Amazing Keystone Big Band. En dehors d’une dédicace de la soirée à Benny Golson, décédé deux jours plus tôt, et de quelques interventions parlées de China Moses qui font office de respirations dans un spectacle de presque trois heures – avec un entracte – de musique quasi ininterrompue. 

Cela commence fort, avec les premiers accords du Birdland de Joe Zawinul qui retentissent alors que le rideau s’ouvre sur l’orchestre, rejoint par rien moins que six vocalistes : China Moses, Robin McKelle, Hugh Coltman, Neïma Naouri, Pablo Campos et Kareen Guiock-Thuram. McKelle reste ensuite seule avec l’orchestre pour un My baby just cares for me un peu trop évident avant un premier grand moment : le duo entre le saxo de Géraldine Laurent et le piano de Grégory Privat sur un Take five qui évite les clichés, comme le fait le Petite fleur joliment chanté par Pablo Campos avec l’accompagnement du violon d’Aurore Voilqué, de la clarinette de Giacomo Smith et des guitares d’Edouard Pennes et Fanou Torracinta.

Changement de génération, mais pas d’intensité, avec ensuite le Cantaloupe Island d’Herbie Hancock propulsé par la trompette de Ludovic Louis – sans aucun doute un des héros de la soirée, avec plusieurs apparitions remarquées – et le saxophone de Jon Boutellier, accompagnés de la rythmique musclée formée par Mario Canonge, Arnaud Dolmen et Viktor Nyberg. L’enchaînement avec l’hommage à Miles Davis – avec des extraits de la bande originale d’Ascenseur pour l’échafaud et So what – porté par Stéphane Belmondo et Giovanni Mirabassi est brillant.

Fred Nardin

Géraldine Laurent

Si ce qui suit est un peu léger pour mon goût, ce n’est pas le cas du Strasbourg Saint-Denis de Roy Hargove, le titre le plus récent du programme, enflammé par Ludovic Louis avec la complicité du saxophoniste Kenny Jeanney, membre du big band, et du trio rythmique formé par Grégory Privat, Raphaël Pannier et Swaeli Mbappé. La tension ne retombe pas pour la séquence suivante, dédiée au répertoire de John Coltrane, soit un éblouissant medley Naïma / My favorite things porté par les saxophones de Jowee Omicil et Géraldine Laurent et l’accompagnement de Mario Canonge, Arnaud Dolmen et Michel Alibo. Après cela, What a wonderful world par Hugh Coltman et Ibrahim Maalouf peine à faire une grande impression juste avant l’entracte… 

Kenny Jeanney, Ludovic Louis, Swaeli Mbappe

C’est la mélodie irrésistible du Soul bossa nova de Quincy Jones et un Ludovic Louis tourbillonnant – encore lui ! – qui ouvrent la seconde partie du show. Un doux Poinciana par Hugo Lippi sert d’introduction à l’apparition théâtrale de Melody Gardot, accueillie comme la star qu’elle est, pour un délicat Round about midnight avec le pianiste Laurent Courthaliac. Le reste du programme se poursuit sur ce même niveau élevé, avec notamment un merveilleux Minor swing, confié aux bons soins de Fanou Torracinta, Giacomo Smith, Hugo Lippi, Edouard Pennes et Aurore Voilqué, une séquence dédiée à Nina Simone, chantée par Kareen Guiock-Thuram et Hugh Coltman, et un St Thomas très enlevé par Jeanne Michard, Mario Canonge, Arnaud Dolmen et Michel Alibo. Le L-O-V-E de Nat King Cole fait office de final avec le big band et les six chanteurs du premier tableau, rejoints par la quasi-totalité des participants à la soirée. 

Particulièrement bien organisée et mise en espace (par Julien Jaunet), sans temps morts et avec des entrées et sorties bien gérées, cette célébration était une grande réussite, digne de la fête d’un quart de siècle. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Cindy Morisset / TSF Jazz

Giacomo Smith

Melody Gardot