Fantastic Negrito, Son Of A Broken Man
13.12.2024
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« Je t’assure que tu l’oublieras si je t’éclate la cervelle… » Jessie Reyez chante toujours cash et voilà qu’elle pose en mariée assise sur un cercueil double : ce premier album ne prend pas de pincettes pour relier l’amour à la mort. Passé une première impression de cadrage mainstream, on réalise combien ce long format, en bonne partie produit par son complice Tim Suby, illustre l’étendu du talent de cette jeune Canadienne capable, en termes d’abattage, de tenir la dragée haute à Beyoncé ou Rihanna, avec un grain de folie qui explique pourquoi elle s’entend si bien avec Eminem, présent ici sur le terrible Coffin.
Fière de son ascendance colombienne, Reyez n’hésite pas à mettre des accents et des mots hispaniques au service d’un sens de la dramaturgie affûté, porté par une voix qui s’accommode aussi bien d’une musculature electro trap givrée (Deaf, Ankles, Roof…) que de la douceur à fleur de peau dispensée par des ballades chancelantes, tournoyantes, captivantes (du dépouillement intense du déjà bien connu Figures au lumineux Love in the dark, en passant par le feutré grisant de Imported). Là, les fêlures de son timbre y sont plus apparentes. C’est aussi dans sa manière de contenir son tempérament explosif que brille Jessie Reyez.
Nicolas Teurnier
Note : ★★★½
Label : Island
Sortie : 27 mars 2020