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Live reports / 18.12.2023

Jim Jones All Stars, Petit Bain, Paris

25 novembre 2023.

Si le patrimoine discographique de la Jim Jones Revue approche de loin les musiques que défend votre magazine favori, l’écoute de son nouvel opus et la mutation de ces furibards Anglais en Jim Jones All Stars méritait qu’on aille vérifier sur scène ce tournant rhythm and blues entendu sur ce “Ain’t No Peril” cuivré enregistré au cœur de Memphis (cf. chronique dans SB 253)

Dans une salle comble et acquise à la cause avant même le premier hurlement de Jim Jones, le septet prend place et attaque sans en faire des tonnes ni les présentations même si le leader sera assez bavard et blagueur tout du long de ce court set (1h10). 

Costards et attitude rock ’n’ roll couplé à l’énergie du punk, on associe instinctivement ces Londoniens à quelques illustres noms du pub rock (Dr. Feelgood, Nine Below Zero, Eddie & The Hot Rods, Ducks Deluxe…). Un supplément notable par rapport à ces gloires du passé : ce côté “mur du son” que la saturation générale des amplis du groupe produit.

Des intros aux riffs de guitares accrocheurs, rythmique basse-batterie brute de décoffrage, chant sauvage et handclaps redondants sollicitant un public réceptif. Les titres s’enchaînent, on en reconnaît quelques-uns des albums antérieurs (Ciment mixer a ouvert les hostilités), couplés à quelques reprises illustrant aussi les honorables influences de ces chevelus (Parchman farm blues de Bukka White, Run run run du Velvet Underground, Can’t believe you wanna leave de Little Richard…).

Une bonne dose du dernier album sera bien sûr jouée ce soir malgré la difficile perception des saxophones (baryton et ténor) et du piano qui pourtant répondent parfaitement à l’idée de ce line-up branché sur canal rhythm and blues. Une fréquence qui nous a conduits dans ce grand bain de sueur et d’hormones masculines.

Cette couleur qui nous avait tant plu sur disque, Jim Jones All Stars en donne une lecture beaucoup plus bestiale sur scène. On fantasmait sur la présence de Nikki Hill, invitée sur le disque, pour contrebalancer la voix éraillée (et un peu braillarde) du patron, mais le coût financier d’un huitième membre semble avoir eu raison de la présence de la chanteuse. Sniff, sniff, le brulot de Charles Sheffield It’s your voodoo working sonne du coup beaucoup plus convenu que ce qu’on aurait aimé entendre. Heureuse compensation par le haut volume des amplis, la basse aguicheuse et ce riff à l’unisson des deux soufflants qui finissent par faire danser une salle qui jusque-là hochait plutôt de la tête. 

Si vous êtes un adepte des combinaisons à la Little Richard (piano survolté couplé à une rythmique up tempo) et du “F word” saupoudré continuellement, c’est un sans-faute plutôt jouissif. Pour celles et ceux qui s’attendaient à un peu plus de nuances et un show plus affûté comme peuvent l’être ceux de Barrence Whitfield & The Savages ou de Jon Spencer Blues Explosion/Heavy Trash, passez votre chemin et contentez-vous du disque. Jim Jones et son All Stars sur scène ne fait ni dans le détail, ni dans la dentelle… Mais dans ce que beaucoup considèrent comme l’essence du rock ’n’ roll : l’énergie. Rien de mal à ça, il faut juste le savoir avant de sauter dans la fosse de ces animaux-là pour faire le plein de décibels et passer néanmoins une excellente soirée.

Texte : Julien D. 
Photos © Michel Pampelune

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