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Hommages / 14.08.2024

Joey Gilmore (1944-2024)

Bien qu’il ait tourné à plusieurs reprises en Europe jusqu’au milieu des années 2010 et publié différents albums correctement distribués au cœur du blues boom des années 1990, Joey Gilmore n’a jamais bénéficié d’une reconnaissance publique à la hauteur de la qualité de son blues électrique et de la richesse de son univers musical qui emprunte autant à B.B. King qu’au son soul et funk de son État d’origine, la Floride.

Né le 4 juin 1944 à Ocala, orphelin de mère dès l’âge de 5 ans, abandonné par son père, Gilmore et ses sept frères et sœurs sont ballotés toute leur enfance entre différents proches, et c’est dans la musique que Joey trouve un exutoire. Batteur dans l’orchestre de son lycée, il apprend la guitare en autodidacte et mène son propre orchestre sur les scènes locales alors qu’il n’a que 14 ans.

Juste après son diplôme de lycée, il est invité par son beau-frère à le rejoindre à Miami pour prendre un poste de bassiste au sein de Frank Williams & the Rocketeers, un des groupes vedettes de la scène R&B de la ville. S’il quitte le groupe – au sein duquel il est remplacé par le futur Little Beaver – deux ans plus tard pour cause de service militaire, Williams ne l’oublie pas et monte à son retour un groupe à son intention, The Rocketeers No. 2, au sein duquel il est à la fois chanteur et guitariste et qui se produit également dans les clubs locaux comme le Double Decker Lounge, le Mister James Club et le Continental Club. C’est également sous l’égide de Williams, avec son orchestre et sur son label, qu’il publie en 1971 un premier single, co-écrit par Little Beaver, Somebody done took my baby and gone, qui connaît suffisamment de succès pour être repris par Phil L.A. Of Soul pour une distribution nationale.

D’autres 45-tours les années suivantes ne connaissent pas la même réussite, mais Gilmore publie un premier album éponyme en 1976 pour Blue Candle, un des nombreux labels d’Henry Stone, figure majeure de l’industrie musicale locale depuis les années 1940. Si le disque, dans un registre soul funk, passe à peu près inaperçu à l’époque, il est redécouvert par la suite, et même réédité par un label de collectionneurs, Regrooved Records, en 2023. 

Gilmore publie quelques singles dans les années 1980, mais doit attendre la fin de la décennie pour publier un nouvel album, “. . .So Good To Be Bad”, qui lui permet de se faire remarquer par le public blues. Deux albums sous la houlette de William Nell publiés sur le label de celui-ci, Wilbe, et distribués par Ichiban en 1993 et 1995, “Can’t Kill Nothin’” et “Just Call Me… Joey” augmentent sa visibilité et lui permettent de tourner en Europe, mais l’embellie est de courte durée, et Gilmore, en dehors de visites ponctuelles dans les festivals européens, se replie sur sa base, publiant quelques albums dans les années 2000 et 2010 et remportant en 2006 le prix du meilleur groupe à l’International Blues Challenge de Memphis. Son dernier album, “Respect The Blues”, est sorti en 2016.

Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © DR

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