Quincy Jones (1933-2024)
04.11.2024
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Voix majeure de la scène soul de Memphis, John Gary Williams, qui vient de décéder, n’a pas eu une carrière à la hauteur de son évident talent. Ses débuts prometteurs avec les Mad Lads, dont il est un des membres fondateurs, pour Stax (le tube Don’t have to shop around) sont interrompus par l’armée, qui l’envoie au Vietnam. À son retour, il retrouve le groupe et décroche quelques autres succès, dont une version de By the time I get to Phoenix produite par Al Jackson.
Impliqué dans la lutte pour les droits civils au sein des Invaders, un groupe de Memphis inspiré des Black Panthers, il se lance au début des années 1970 dans une carrière solo, matérialisée par quelques singles et un superbe album éponyme qu’il coproduit avec Willie Hall. Bien que l’album – récemment réédité en digital par Craft – soit aujourd’hui considéré comme un des classiques de la soul de Memphis, il passe à peu près inaperçu à sa sortie, et un dernier single paru en 1975 sur Truth, label secondaire de Stax, ne suffit pas à lancer sa carrière, d’autant que différents problèmes personnels viennent interférer. Un deuxième album enregistré pour Stax reste encore inédit.
Williams, qui travaille un temps comme chauffeur de taxi puis patron de bar, finit par retrouver les Mad Lads au début des années 1980 et se produit avec différentes versions du groupe – dont il est bien souvent le seul membre original – sur le circuit de la nostalgie. La rencontre avec les Bo-Keys lui permet au début des années 2010 lui permet de se faire entendre à nouveau sur disque, mais aussi sur scène : il est ainsi l’un des invités du festival de Porretta en 2012. Des problèmes de santé viennent hélas interrompre toute perspective de comeback, d’autant que sa voix est atteinte. Un film documentaire sur sa vie, World Gone Crazy: The Trials of John Gary Williams, est attendu pour l’année prochaine.
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Brigitte Charvolin