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Live reports / 06.06.2024

José James, New Morning, Paris, 2024

29 mai 2024.

Habitué des scènes parisiennes – son passage précédent remonte à Jazz à la Villette début septembre –, José James peut toujours compter sur la loyauté de ses fans, et c’est un New Morning plein à craquer qui patiente une bonne vingtaine de minutes après l’horaire annoncé avant de le voir apparaître.

Les habitués de ses concerts le savent, c’est en général son dernier album en date qu’interprète James, et il ne tarde pas à annoncer que le programme de la soirée sera une déclinaison intégrale de l’album “1978”, dont visiblement une bonne partie du public est déjà familier. Au cours des deux sets, entrecoupés d’un entracte, c’est donc le répertoire du disque qui est interprété, dans le même ordre. Pas question, cependant, de reproduire fidèlement ce qu’il a enregistré. Comme à son habitude, James réinvente chacun des morceaux, citant par exemple un de ses titres plus anciens, Black magic, au cœur d’Isis & Osiris, au point qu’il lui faille une bonne heure et demie pour interpréter les 9 chansons qui prennent un peu plus de 45 minutes sur le disque – en intégrant les différentes interventions parlées de James qui s’attache à mettre dans leur contexte ses compositions, mentionnant en particulier ses souvenirs de Michael Jackson en concert et le fait qu’un oncle lui avait offert “Purple Rain” pour ses 10 ans.

Pas toujours très convaincant sur disque, le répertoire de “1978” prend une nouvelle dimension sur scène. Bien que le guitariste Marcus Machado ait été présent lors des dates précédentes de la tournée, c’est avec un trio sans guitare que se présente James : Chad Selph aux claviers, David Ginyard à la basse et Jharis Yokley (qui vient de publier son premier album solo sur le label de James) à la batterie, tous trois ayant participé à “1978”. L’ensemble, d’une grande cohésion et porté en particulier par les solos très imaginatifs de Selph, qui alterne entre rien moins que cinq claviers et quelques gadgets, et par la créativité rythmique de Yokley, suit l’inspiration de James, qui les dirige de la main et de la parole, demandant par exemple à Selph de passer au piano électrique au milieu de For Trayvon ou faisant taire son batteur et son clavier pour n’être accompagné que par la basse. Au plan vocal, James fait preuve de son inventivité habituelle, utilisant en particulier son sampler pour quelques passages a cappella construits par la superposition de différentes parties de voix créées en direct. Si l’effet, utilisé par un moindre artiste, pourrait être un peu facile, James utilise la technologie au service de l’expressivité, créant ainsi une chorale pour le final du très intense Place of worship

Difficile d’enchaîner après une prestation aussi puissante, et James et ses musiciens quittent la scène après le dernier titre de l’album, 38th & Chicago. Visiblement éprouvé, le chanteur ne revient que pour un bref rappel avec le classique Trouble, repris à pleine voix par le public. Cette nouvelle prestation, même à partir d’un disque pas totalement satisfaisant, confirme qu’il fait partie de l’élite du chant afro-américain – il refuse de se rattacher à un genre précis, faisant le parallèle audacieux mais légitime avec Prince. Son retour sur les scènes françaises est d’ores et déjà annoncé pour le mois d’octobre… 

Texte : Frédéric Adrian

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