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Chroniques / 29.04.2024

Judith Hill, Letters From A Black Widow

C’est peu dire que la carrière de Judith Hill a connu de nombreux coups durs, au premier rang desquels les décès prématurés des géants qui l’avaient pris sous leur aile, Michael Jackson et Prince, événements funestes auxquels elle assista en quasi-direct et lui valurent – comme si le traumatisme ne suffisait pas… – un surnom immonde (la veuve noire…) doublé d’une abjecte campagne de harcèlement en ligne. 

L’intitulé de ce CD en forme de thérapie et d’ode à la résilience doit donc être interprété comme un gigantesque bras d’honneur à tous les déverseurs de haine numérique, pleutres bien planqués derrière leur anonymat. Pour autant, Hill ne sombre pas dans le fiel, délivrant tout au long de ces douze titres originaux et autoproduits une soul moderne et sensuelle. Son écriture est somptueuse et sa production pleine d’ambition, à commencer par le titre d’ouverture, One of the bad ones, magnifique ballade marquetée de cordes dans laquelle sa voix féline, puissante et souple, transperce littéralement le cœur de l’auditeur. Difficile de ne pas succomber à son timbre ample et expressif, à sa raucité haletante, à ses subtiles envolées dans les aigus. Le parfait équilibre entre technicité et émotions.

L’impressionnant single Flame, construit sur un riff bluesy consolidé de féroces lignes de guitare, enfonce le clou, rage libératrice incluse (« Give me chaos and give me pain but you can never take my flame » ; elle a aussi le sens de la formule !). Il faudrait également citer la princienne We are the power ou la bucolique La dame de la lumière. Sans oublier bien sûr Runaway train, saisissante pièce gospel soul prise tous chœurs dehors et dont la ferveur hypnotique déclenche de délicieuses sensations épidermiques.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★½
Label : Regime Music Group
Sortie : 26 avril 2024

albumJudith Hill