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Live reports / 12.06.2024

Judith Hill, New Morning, Paris, 2024

30 mai 2024.

C’est d’abord la voix, puissante et rageuse, de Judith Hill qui déchire la semi-pénombre du New Morning sur un premier titre entamé a cappella avant que la scansion puissante de la batterie de John Staten n’agrippe les spectateurs, dès lors pris dans un bouillonnement funk rock qui ne les libèrera que dans le dernier quart d’heure pour une conclusion bluesy avec le classique de Judith Cry, cry, cry.

Étonnamment en effet, à la différence du concert du 7 juin 2024 à Berlin dans une grande salle, disponible sur Arte et proposant funk tendance princière et soul classique, ce concert parisien a mis en lumière le versant funk rock de Judith Hill, résultat d’une filiation évidente avec Betty Davis (la voix), Band Of Gypsys-Buddy Miles (la batterie) et Living Colour (les vocaux et la guitare). 

Basé autour d’un répertoire issu du nouvel album “Letters From A Black Widow”, le set semble une occasion pour Judith Hill d’exorciser ces démons dont elle parle dans l’album, d’évacuer les erreurs et les déceptions vécues, et elle explique d’ailleurs au public sa souffrance d’avoir été qualifiée de “veuve noire” suite aux décès successifs de Michael Jackson et de Prince avec qui elle avait collaboré.

Guitare expressive et chant enragé, rythmiques terriblement heavy avec la basse de son père Robert “Peewee” Hill qui funkifie le tempo imposé par John Staten, solos de claviers néo-jazzy de sa mère Michiko Hill, le public abasourdi mais ravi ne pense même pas à danser. Judith Hill a de toute façon depuis longtemps conquis Paris, et ce nouveau passage au New Morning ne fait que confirmer le talent multiforme et la sensibilité exacerbée d’une artiste honnête et volontaire.

Texte : Éric Heintz
Photos © J-M Rock’n’Blues
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Judith Hill