Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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O’Sullivans, Paris 18e, 23 février 2019.
Bénéficiant d’une belle couverture média (passages en radios nationales, échos élogieux dans la presse spécialisée, nombreux échanges sur les réseaux sociaux…) et de l’appui d’un public déjà fidèle, Júníus Meyvant a brillamment réussi son examen de passage parisien.
Venu défendre son splendide deuxième album solo, “Across The Borders”, couronné du Pied dans notre précédent numéro, l’Islandais avait mis pour l’occasion les petits plats dans les grands : orchestre complet (basse-batterie ; Rhodes, Hammond, Moog ; section de cuivres), scénographie “végétale” (en lien avec ses convictions écologiques et la couverture du CD), textures sonores variées (à ses pieds, deux pedalboards richement fournis) démontrant que son folk soul avait était décidemment bien ancré dans la modernité…
On sentait les musiciens un peu à l’étroit sur la petite scène de l’O’Sullivans – en particulier le géant Meyvant ! – mais peu importe puisque le manque de place fut compensé par beaucoup de convivialité. Car le chanteur, calme et introverti, est également adepte d’un humour pince-sans-rire typiquement britannique (ou islandais ?) qui lui permit de s’attirer les bonnes grâces de spectateurs déjà bien acquis à sa cause (« Ah… it’s good to be back in England! » ; « Do you know that my great-great-great grand father was French? He was an asshole » ; ou lors du rappel : « Sorry we don’t know any other song so we’re gonna do the same program again », etc.). Mais surtout, quel repertoire ! Et quel chanteur ! Toutes les chansons du nouveau disque y passèrent, plus quelques emprunts au premier album, “Floating Harmonies”, dans des versions assez proches des originales. C’est une force, car il n’était pas évident de reproduire sur scène les arrangements élaborés de l’album, mais c’est aussi une limite car le set aurait gagné à laisser plus de liberté aux musiciens (mais la tournée n’en était qu’à ses débuts et le claviériste, excellent, venait juste de les rejoindre). Les meilleurs moments du show furent ainsi ceux où le groupe partit en improvisation : High alert et ses chorus d’orge Hammond ; le final psyché d’Across The Borders ; les interjections churchy de Ain’t never gonna let you down.
Un grand concert donc, ponctué de chansons magnifiques (Color decay, qui fit décoller sa carrière, faisait partie de la setlist) et marqué par de purs moments de grâce (Let it pass, Punch through the night). Une fois le show terminé, Júníus Meyvant, tout sourire, partit à la rencontre de ses spectateurs, se prêtant avec un plaisir non-dissimulé au jeu des autographes et des selfies.
Texte : Ulrick Parfum
Photos © J-M Rock’n’Blues
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