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Chroniques / 18.06.2019

Justin Townes Earle, The Saint Of Lost Causes

Un chien ne fait pas des chats. Qui d’autre qu’un Earle pour intituler son disque “Le Saint des Causes Perdues” et afficher en couverture une lithographie religieuse  ? Le fils de Steve pousse le sens de la filiation assez loin, allant jusqu’à suivre le même parcours déglingué que celui de son père… De cette vie d’errances et d’addictions, de pêchés et de rédemption, d’ombre et de lumière, il tire douze chansons faulkneriennes ancrées dans le quotidien, des morceaux âpres (la détresse des cols bleus face au chômage dans Flint city shake it) ou désespérés jusqu’à l’absurde (l’épicier cowboy devenu tueur de flic dans Appalachian nightmare).

Un regard d’écrivain qui prend fait et cause pour le multiculturalisme (Ahi esta mi nina), défend l’écologie (Don’t drink the water) et pleure un rêve américain parti à vau l’eau, enseveli sous des tombereaux d’égoïsme et d’intolérance. Frugal, l’accompagnement à dominante acoustique oscille entre blues et country, coloré de petites touches d’électricité (guitare, Rhodes, Wurlitzer) auxquelles se surimposent les vocaux sans apprêts du leader, loser magnifique dont la crudité du propos n’exclue ni la tendresse, ni l’optimisme (Talking to myself). 

Ulrick Parfum

Note : ★★★½
Label : New West
Sortie : 24 mai 2019

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