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Live reports / 18.03.2019

Ledisi

Bizz’Art, Paris 10e, 3 février 2019.

Le Bizz’Art ne multiplie pas les concerts, privilégiant une programmation événementielle à la qualité constante. Après le triomphe de PJ Morton en fin d’année dernière (raconté par mon excellent camarade Mathieu Bellisario par ici), et avant deux dates très attendues d’Eric Bénet, ce fut au tour de Ledisi d’inaugurer la nouvelle saison. Absente des scènes françaises depuis plusieurs années – elle mentionne le souvenir d’un concert devant à peine cinquante personnes –, elle n’a fait que confirmer depuis son statut d’interprète majeure – elle est peut-être bien la plus grande chanteuse de sa génération –, à coups de disques multi-nominés aux Grammys et d’apparitions spectaculaires, aussi bien à la télévision (elle est une habituée des hommages lors de cérémonies) qu’au cinéma (elle incarnait ainsi Mahalia Jackson dans Selma). Inutile donc de dire que c’est un Bizz’Art plein à craquer qui vibrait d’excitation en l’attendant !

Surprise pour qui n’a pas suivi ses prestations médiatiques récentes : la chanteuse a renoncé au look glamour et aux dreadlocks spectaculaires qu’elle arborait depuis le début de sa carrière au profit d’une tenue noire sobre et d’une coupe courte. Mais ce renoncement aux apparats des divas ne change rien à la prestation de la chanteuse. Pendant quatre-vingt-dix minutes tout juste, c’est à une véritable leçon que se livre Ledisi. Accompagné d’un groupe essentiellement britannique (Oscar Stieler aux claviers, Josh Mckenzie à la batterie, Paul Murray à la guitare, Ben Muralt à la basse, Sara Williams et la seule Américaine de la bande Angel Silvera au chant) bien rodé par une série de dates insulaires, elle revisite des titres de l’ensemble de ses albums Verve (à l’exception, dieu merci, du disque de Noël, mais sans clin d’œil aux enregistrements de sa période “indé”, hélas), avec un accent particulier sur le dernier, “Let Love Rule”.

 

Le public, comme toujours au Bizz’Art particulièrement connaisseur et motivé, fait un triomphe aussi bien aux classiques – Love never changes, occasion de belles improvisations vocales partagées avec les choristes, un Pieces of me frémissant – qu’aux titres récents, reprenant par exemple à pleine voix Let love rule. Sur scène, les chansons parfois un peu trop produites, voire aseptisées, sur disque prennent leur pleine dimension, et Ledisi n’hésite pas à les tourner à sa convenance, s’offrant par exemple un superbe passage scatté sur Alright. Visiblement heureuse de la réception enthousiaste du public, elle livre sur chaque titre une interprétation magistrale qui fait regretter qu’elle n’ait pas encore eu l’occasion d’enregistrer un disque live à la hauteur de ses talents d’interprètes. Après un final survolté sur I blame you, elle revient pour un rappel exigé par un public qui scande son nom et qui reconnaît dès les premières notes le Think of you qui vient clore sur un nouveau sommet une prestation époustouflante, qui donne envie de réentendre bien vite Ledisi sur une scène française…

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot

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