Fantastic Negrito, Son Of A Broken Man
13.12.2024
;
La carrière de Lee Fields et l’histoire de Daptone ont suivi, depuis le début des années 2000, des chemins identiques, mais ne se sont que rarement croisées. Si Fields est, aux côtés de Sharon Jones, l’artiste phare de Desco Records, le prédécesseur de Daptone, il ne publie qu’une poignée de singles pour Daptone et c’est sur Soul Fire, Truth & Soul et Big Crown qu’il sort ses albums à succès.
Aujourd’hui, alors que Daptone est à la peine depuis les décès de Sharon Jones et de Charles Bradley et que les derniers disques de Fields montraient une inspiration en berne, leur alliance paraît une évidence. Si le nouveau disque, réalisé début 2022, n’a pas été enregistré dans la désormais défunte House of Soul de Brooklyn, mais dans les nouveaux studios californiens du label, l’ensemble a tout de retrouvailles : entre Fields et Gabe Roth, ici aux manettes comme il l’était (aux côtés de Philippe Lehman) sur l’album “Let’s Get A Groove On” en 1998, mais aussi entre musiciens. Si les Dap-Kings ne sont pas explicitement crédités sur la couverture, de nombreux membres historiques du collectif sont de la partie : Thomas Brenneck à la guitare, Neal Sugarman, Ian Hendrickson-Smith et Dave Guy aux cuivres, Victor Axelrod aux claviers…
Le résultat renoue avec le meilleur du son Daptone historique, plutôt versant soul que funk : Forever, en ouverture, pourrait être un classique oublié d’Otis Redding ou de William Bell, tandis que la chanson-titre est un bijou de ballade à l’ancienne. L’ensemble du LP est à l’avenant de cette démarche vintage assumée (le déchirant What did I do…)… et c’est peut-être là la faiblesse (relative) du disque, qui ne sort jamais d’un sentier aussi qualitatif que prévisible, et auquel manque peut-être, malgré le message très contemporain d’un titre comme Two jobs, la chanson marquante qui en ferait un album majeur.
Frédéric Adrian
Note : ★★★★
Label : Daptone
Sortie : 28 octobre 2022