Guilty Delight, Bizz’Art, Paris, 2025
12.03.2025
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19 novembre 2024.
Les concerts se font rares au Bizz’Art, mais aucune salle parisienne n’est plus adaptée pour accueillir le grand retour de la “goddaughter of soul” (la filleule de la soul !) Leela James pour son premier concert en France depuis 2018, et le public, nombreux et enthousiaste est au rendez-vous dès le warm-up assuré avec son efficacité habituelle par le DJ résident des lieux, JP Mano. Comme un symbole de son lien avec ses fans qui la suivent pour beaucoup depuis son premier album paru il y a bientôt 20 ans, c’est de la salle qu’émerge la chanteuse, qui rejoint sur scène son trio (Alex Plummer aux claviers, Archie “Snoop” Pearson à la basse et Deshaun Allen à la batterie) ainsi que sa fidèle choriste Nynoka Brown et son aboyeur officiel Sid, qui rappe ponctuellement à ses côtés et n’hésite pas à encourager le public à acclamer la vedette.
L’espace scénique est presque trop petit pour l’énergie de la chanteuse, qui choisit l’option du passage en force en enchaînant trois titres percutants issus de son premier album, Good time, Soul food et Music – qui inclut des citations bien amenées du I love music des O’Jays et du Miss you des Stones. Bien que son dernier album, “Thought U Knew”, ne date que de l’année dernière, c’est un best of de l’ensemble de sa carrière qu’elle propose, dans lequel les chansons récentes comme Right back in it ou Satisfied n’occupent qu’une place limitée au profit des classiques comme Don’t want you back, bien accueillis par un public familier de ses disques et qui ne se prive pas de reprendre chaque titre à pleine voix.
Quand Leela James quitte la scène au bout de trois quarts d’heure, c’est évidemment un sentiment de trop peu qui s’empare de la salle, mais plus qu’un rappel c’est un second set d’une durée équivalente qu’elle propose dès son retour. Elle en profite pour ralentir le tempo – et s’asseoir un peu ! – pour une version magistrale d’un classique de son premier album, When you love somebody, sur lequel sa voix et son interprétation font écho à l’inspiration d’une Etta James – à qui elle avait rendu hommage il y a quelques années avec l’album “Loving You More… In the Spirit Of Etta James”. Dans le même registre, Fall for you, tiré du disque du même nom, vient confirmer son aisance dans le registre de la ballade. Si elle expédie rapidement sa reprise du Don’t speak du groupe No Doubt – un classique de son premier album, pourtant –, elle se lance dans des versions apparemment impromptues – elles ne figurent pas sur la setlist officielle – mais très réussies de Killing me softly (dans la version des Fugees) et du No ordinary love de Sade, qui enchantent le public, d’autant que le trio d’accompagnement réagit au quart de tour à chaque sollicitation de sa patronne.
Le tempo s’accélère à nouveau pour la suite, avec notamment Thought you knew du dernier album, et c’est sur le très électro Reach for it, paru en single il y a deux ans, que se clôt en beauté un concert sans temps mort ni point faible.
Texte : Frédéric Adrian