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Live reports / 17.06.2019

Lizzo, Alhambra, Paris

29 mai 2019.

Quelques délicates notes de flûte traversière peu après avoir fait largement applaudir son généreux fessier pointé fièrement vers le public… Lizzo s’assoit sur les convenances, Lizzo se fait plaisir. « You can love me and you can love yourself », résumera-t-elle. Pas le temps pour la demi-mesure, Lizzo parle, chante, rap, danse cash. On était prévenu notamment par “Cuz I Love You”, nouvel album décapant. Sauf que Lizzo, dont c’est la première date parisienne, choisit l’option zéro musicien. Ses très brèves incartades à la flûte en fin de set seront les seules notes jouées live ce soir. Place à trois danseuses plantureuses – ses « Big Girls » en justaucorps rose parées à twerker – et à une DJ décorative (quelques relances au micro, un petit rôle dans les chorés et c’est à peu près tout). Et donc une sono qui crache des titres musclés, mixture survitaminée reliant joyeusement Beyoncé, Janelle Monáe et Missy Elliott. 

À l’image du Cuz I love you chanté toutes tripes dehors en lever de rideau, la patronne a une sacrée présence qui tend à faire oublier le contexte karaoké. Provocation, humour et ego trip euphorisant : la recette fonctionne et l’Alhambra complet fait honneur à la déferlante R&B, hip-hop, soul, funk, electro le long d’une setlist qui passe en force. Au sein des Like a girl, Soulmate, Cry baby, Tempo et autres Phone et Cononut oil, la ballade Jerome apporte un rare instant de relatif répit.

On se laisse prendre au jeu à plusieurs reprises, mais impossible au final de se détacher d’une impression de showcase amélioré. Surtout si on repense à la façon dont Janelle Monáe et son groupe avaient enflammé le même espace six ans plus tôt. Les assauts sonores de Lizzo mériteraient un développement scénique autrement plus ambitieux. Rattrapage ou redite à Afropunk Paris mi-juillet ?

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot   

AlhambraFrédéric Ragotlive in ParisLizzoNicolas Teurnier