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Hommages / 04.05.2019

Lou Johnson, 1941-2019

Lou Johnson, qui vient de décéder, faisait partie des grands perdants de l’histoire de la soul : bien qu’il ait séduit les plus grands producteurs et publié des disques sur des labels importants, le succès lui a à peu de choses près toujours échappé, et sa carrière s’est terminée dès le début des années 1970. Issu du gospel, il est découvert par Burt Bacharach et Hal David qui lui confient leurs compositions (il est le premier à enregistrer (There’s) Always something there to remind me), mais finissent faute de succès à l’abandonner au profit de Dionne Warwick.

Après un tube mineur au milieu des années 1960 avec une adaptation vocale du Petite fleur de Sidney Bechet intitulée A time to love – a time to cry, la chance semble tourner quand il signe avec Atlantic à la fin de la décennie. Hélas, l’excellent album “Sweet Southern Soul”, enregistré chez Fame sous la direction de Jerry Wexler et publié sous l’étiquette Cotillion passe inaperçu. Il retrouve ensuite Allen Toussaint, qui avait produit quelques années plus tôt sa version de Walk on by parue sur Big Top, mais l’album “With You In Mind”, enregistré à La Nouvelle-Orléans avec la participation des Meters et publié sur Stax ne fait pas mieux, bien que Toussaint lui-même considère une des chansons de ce disque, Transition, comme sa meilleure composition personnelle…

L’échec commercial de l’album marque quasiment la fin de la carrière de Johnson, qui se concentre ensuite sur le circuit des cabarets, se produisant régulièrement dans une version des Ink Spots. Une brève réapparition – au chant et aux claviers – sur un album de Frankie Lee en 2000 reste sans suite, Johnson ne semblant pas très intéressé par un vrai retour et même la parution sur Kent, en 2010, d’une anthologie de ses faces Big Top ne suffit pas à le convaincre de tenter une nouvelle fois l’aventure, malgré l’existence d’un noyau de fans fidèles.

Frédéric Adrian

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