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Live reports / 15.10.2024

Ludovic Louis, La Maroquinerie, Paris, 2024

7 octobre 2024.

Ludovic Louis a très envie de jouer ce soir, au point de commencer son concert avant 20h30, alors qu’une partie du public n’est pas encore entré dans la salle ! Pas grave pour les retardataires : un petit problème technique avec sa trompette l’oblige à s’interrompre quelques instants et, le concert étant filmé, il décide de reprendre sa prestation au début, avec la complicité du public.

Celui-ci n’a pas besoin de se faire beaucoup prier pour jouer l’enthousiasme lors du retour sur scène du trompettiste : en quelques années, Louis s’est imposé comme un des acteurs clés de la scène jazz française et internationale. Originaire du Havre, installé au début des années 2000 à Paris puis au début de la décennie suivante à Los Angeles, il s’est fait remarquer sur scène et sur disque aux côtés de Lenny Kravitz tout en participant à de nombreuses séances, de Francis Lalanne à Curtis Harding en passant par la série Netflix The Eddy – dans laquelle il jouait également – et la musique du film de Damien Chazelle, ainsi qu’à l’aventure du Big Jazz Collective. Après “Rebirth”, un premier album personnel paru en 2021, il fête ce soir la sortie de son deuxième disque, “If Everything Is Written”, , accompagné de son orchestre régulier, avec Zizou Sadki à la basse, Ralph Lavital et Anthony Jambon aux guitares, Romain Joutard à la batterie et Nicholas Vella aux clavier. 

C’est d’ailleurs avec les deux premiers titres de ce disque, Sunrise puis Beautiful story, qu’il ouvre la soirée, avant de revisiter un des titres phares de “Rebirth”, Which way to go. Never give up, dans la foulée, voit les retrouvailles avec son collègue du Big Jazz Collective Jowee Omicil pour un duo incendiaire. Comme sur disque, le jazz de Ludovic Louis, qui alterne cornet et trompette, se teinte largement de funk, mais aussi de rythmiques caribéennes et d’influences hip-hop, à l’image du tubesque Live and learn, déjà diffusé sur les radios de goût. En l’absence de Gail Ann Dorsey, qui l’interprète sur le disque, c’est Kareen Guiock-Thuram qui chante If everything is written, dans un registre qui me semble mieux lui convenir que celui de son propre album. 

Ludovic Louis, Jowee Omicil

Kareen Guiock-Thuram, Ludovic Louis

Si le show se caractérise jusqu’ici par son énergie, d’autant que Louis sait interpeler son public et occuper l’espace, n’hésitant pas à se descendre dans la fosse et à enchaîner quelques pas de danse, il s’offre également un moment de répit, en configuration réduite – sans batterie ni clavier –, le temps de deux titres issus de son premier album, Missing you (dédié à sa famille, présente dans la salle) et Nothing but you. Un passage chanson française, avec des invités, ne me convainc pas vraiment, mais le concert reprend ensuite son rythme, avec notamment une belle version de Madinia, un autre titre phare du premier album dédié à ses origines martiniquaises, d’autant que Louis fait participer à plusieurs reprises le public – montrant d’ailleurs à l’occasion des capacités vocales qui ne demandent qu’à se déployer. Pas vraiment de rappel, tout le monde reste sur scène et quelques membres du public rejoignent les musiciens pour un final festif sur Everybody… 

Au vu de l’ambiance du concert et de l’enthousiasme du public, Ludovic Louis a clairement le potentiel pour séduire un large public, au-delà des habitués des clubs de jazz. Je serais fort surpris de ne pas voir son nom à l’affiche des grandes salles d’ici quelques années… 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Dominique Planche / La Parizienne