Jaz Karis, La Boule Noire, Paris, 2025
05.03.2025
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Elle n’a pas 20 ans (*) mais déjà une longue pratique de la scène. C’est ça de commencer dès le début de l’adolescence… Ce soir, devant un Badaboum complet (dans les 400 places), la jeune Britannique rayonne. Juste avec un bassiste, Charlie Fowler, chargé aussi du laptop, et pour elle une guitare sèche, un petit clavier et surtout un micro pour déployer un chant de belle envergure, très marqué par la soul. Mahalia va ainsi osciller entre ses récents singles (No pressure, Proud of me, No reply) savamment produits dans une veine hip-hop/neo soul raccordée au tournant des années 90-2000, et titres en solo guitare-chant extraits de sa chouette mixtape de 2016 (“Diary Of Me”). Écriture limpide et chant habité : la recette paraît simple mais tout le monde n’écrit pas des chansons comme Silly girl, 17 et I remember. Si le va-et-vient entre gros son et dépouillement acoustique confère un aspect un peu décousu à son set, il illustre bien l’étendu de sa palette. Tout comme cette reprise deux en une qui la voit habilement entremêler le Cranes in the sky de Solange au The weekend de SZA. Et puis Mahalia créé du liant en racontant non sans autodérision le pourquoi de ses chansons. Quand débarque Hold on et sa vibration caribéenne, la jeune femme de Leicester esquisse des pas de danse et laisse transparaître son plaisir, plaisir largement partagé par l’audience qui prendra son pied sur Sober, récent single doté d’une imparable pulsation dillaesque et d’une ligne de chant à reprendre à tue-tête. Le Badaboum s’époumone et exige le morceau une deuxième fois, Mahalia laisse la salle chanter et fait le plein d’amour. Voilà une carrière prête à décoller.
Nicolas Teurnier
Photo © Raia Maria-Laura / raiamarialaura.com
(*) C’est fait depuis le 1er mai.