Fantastic Negrito, Son Of A Broken Man
13.12.2024
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Elle aurait pu réunir ses très bons singles de ces trois dernières années ou recycler son excellent EP “Seasons”. Mais Mahalia Burkmar, 21 ans, a la plume féconde. Seuls deux “anciens” titres intègrent ce “Love And Compromise”, sûrement parce qu’ils s’insèrent bien dans le déroulé d’un premier album judicieusement séquencé pour narrer les hauts, les bas et les entre-deux de sa vie amoureuse. Thème on ne peut plus classique que la jeune Britannique transcende à sa manière : munie d’un timbre marquant et d’une grande aisance de placement, elle excelle pour incarner ses récits sans chichis.
Une telle franchise saute aux oreilles. Ses mots simples et directs revêtent une dimension toute personnelle : les voilà dotés d’une sacrée force, touchante, vibrante, euphorisante. De quoi irradier treize titres qui s’enchaînent sans temps faible. Cette générosité qui anime ces chansons bien troussées se retrouve dans un travail de production d’une efficacité redoutable. En s’appuyant sur un puissant alliage groove hérité en bonne partie des ‘90s, Mahalia et ses complices habituels (notamment Felix Joseph) illustrent à merveille une évidence qui fait école depuis quelques années : le R&B et la soul peuvent se renouveler et s’épanouir sans se limiter à la case trap ou aux recettes cinquantenaires.
“Love And Compromise” contient donc son pesant de boom-bap affûté et de refrains saisissants, mais sait aussi s’aventurer plus franchement sur le dancefloor, emmené par un fameux riddim (Simmer avec le très en vue Burna Boy) ou une pointe d’electro (l’enjoué Consistency et ses cuivres lumineux). Citons une tranche de laidback funk bien corsé (le trop court Richie), un slow jam qui tue (What you did avec Ella Mai) et un hymne contagieux (Regular people). Au sein de l’incroyable génération de petites sœurs d’Amy en train d’éclore outre-Manche, Mahalia frappe fort.
Nicolas Teurnier
Note : ★★★★1/2
Label : Atlantic
Sortie : 6 septembre 2019