Harry Manx et Steve Marriner sont deux bluesmen canadiens aux styles bien distincts. Harry Manx, la soixantaine bien tassée, s’est fait connaître par le métissage du blues avec les musiques indiennes et sa maîtrise de la mohan veena. Steve Marriner, son cadet d’une trentaine d’années est un multi-instrumentiste et chanteur dont le style vient puiser dans le blues électrique les années 1950. 

Tous deux se retrouvent autour d’un répertoire marqué par le blues gospel de Gary Davis ou de Pops Staples. Chacun prend son tour au chant : la voix de Manx a de belles rides et celle de Marriner l’urgence et les défauts de la jeunesse. Toutes deux nous racontent une seule histoire, vieille comme le blues et les tent revivals. La mort frôle un homme (Wish I had answered) et lui fait prendre conscience de la vanité de l’existence (Nothing), avant de le précipiter dans les bras de son sauveur (My Lord). Cet album inégal est la preuve de la puissance de ce récit fondamental qui continue à être mis en musique par des artistes très différents par leurs générations et leurs influences musicales.

Benoit Gautier

Note : ★★★
Label : Stony Plain
Sortie : 5 avril 2019