Guilty Delight, Bizz’Art, Paris, 2025
12.03.2025
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18 novembre 2024.
Amoureuse des harmonicistes de blues néo-littlewalterien depuis les premières incursions de Rod Piazza & The Mighty Flyers, la Belgique, surtout nordiste, les accueille encore à clubs ouverts dès que possible.
Ce lundi 18 novembre, le vénérable Banana Peel, antique grange flandrienne dotée de solides poutres “plus dures que votre tête” dixit l’autocollant, de tables-tonneaux et de vieux siège de cinéma, programmait le San Franciscain Mark Hummel en concert final d’une tournée de trois semaines (sa voix s’en ressentait). Qui plus est, accompagné d’un band de vétérans-stars : Wes Starr (drums inventifs swing à la Odie Payne), Bill Stuve (30 ans de pratique jump chez les Mighty Flyers), le guitariste texan Anson Funderburgh qui relança la carrière de feu Sam Myers et impose sans aucun artifice technique son style apuré à la note près : tout est dans l’intériorité, le poignet, le doigté sûr et le plectre. Enfin, oh surprise, le vénérable pianiste Bob Hall (83 ans), un des fondateurs du British blues (époque Savoy Brown originel/Blue Horizon) et accompagnateur du who’s who britannique et de ses invités bluesmen historiques.
Vous avez dit “complet” (220 fidèles) ? Dès les premières notes, la décontraction des musiciens et la complicité avec un public conquis d’avance sont installées. Le répertoire attendu se déguste comme une bière d’abbaye (notre spécialité) : des reprises de Little Walter (Up the line, Who, I got to go) et d’autres bonnes sources : Otis Rush (là, le vocal est limite), Jimmy McCracklin (un Georgia slop un peu fatigué), Fleetwood Mac-Peter Green (Stop messing around) ou l’instrumental San-ho-zay (Freddie King) par un Anson Funderburgh plus janséniste que jamais. What’s the hell is goin’on (Elvin Bishop) garde bien son ton interrogatif découragé (Hummel fait allusion à la présidentielle américaine). Quelques persos aussi : Ghosted (riff Howlin’ Wolf-Hubert Sumlin), Headed for a heartache, Mr. Two-thirds (ironie à la Rick Estrin). Bob Hall, lui, a gardé son jeu énergique façon plink plonk de pub et ça marche !
Et Mark Hummel ? Micro Bullet vintage sur ampli Fender Bassman, il vous joue sans surprise toutes les figures imposées et sonorités goûteuses du Chicago blues revu West Coast. Classieux : Hummel est une valeur sûre. Après deux sets généreux et à regret, ils doivent nous quitter peu avant 23 h, devant dormir et être présents à l’aéroport à 5 h du mat’ après une heure de route. Veni vidi vici sans coup férir.
Texte : André Hobus
Photos © Liliane Hobus