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Chroniques / 21.06.2024

Mary Deloatch a.k.a. Marylyn Scott, She Got What Her Daddy Likes

Mary Deloatch aurait eu sa place dans le dossier Blues ­Guitar Women de notre numéro 251. À l’instar de Sister Rosetta Tharpe, cette chanteuse-guitariste se distingua d’abord dans le domaine séculier sous le nom de Marylyn Scott, n’hésitant pas à enfreindre les règles de la bienséance avec des titres aussi éloquents que I got what my daddy likes ou Let’s do the boogie woogie. On comprend qu’elle ait choisi un autre patronyme pour aborder la musique religieuse, celui de Mary Deloatch. Il n’est pas exclu qu’elle ait enregistré simultanément des faces profanes comme Beer bottle boogie (avec Johnny Otis et son orchestre) et des chansons dévotes comme I really ­believe.

Qu’importe le genre et le nom, elle se montre indéfectiblement étonnante par son implication, le swing qu’elle engendre et surtout le charme que véhicule sa voix. On comprend mal pourquoi son excellent single de 1952 sur Savoy – une marque très implantée dans le marché gospel – ne connut pas de prolongements, précisément au moment où Wynona Carr s’imposait dans une veine comparable sur ­Specialty. Toujours est-il que ce recueil est un événement, il reprend le vinyle suédois de 1988, épuisé depuis longtemps, et y ajoute cinq faces pour former l’intégrale de la chanteuse. Notamment avec les deux 45-tours clôturant sa carrière. Seize ans après ­Rumors of war, un single sur Arctic de 1967 prouve avec le débridé Move this thing que Mary De Loatch (sic) n’a rien perdu de son mordant.

Plus confidentiel, sans doute jamais distribué, le single Gold De-Lo de 1970 la montre une dernière fois à son avantage soutenue par une guitare mouvante, peut-être celle de son mari, le Rev. ­Robert E. Lee. Au plaisir de l’écoute s’ajoute celui de la lecture du passionnant commentaire.

Jacques Périn

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Jasmine
Sortie : 12 octobre 2023