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Chroniques / 07.03.2025

Mereba, The Breeze Grew A Fire

De l’Amérique en ce début 2025, il nous est surtout parvenu des images de feux et de tensions. Au milieu de tout ça, “The Breeze Grew A Fire” est une pause bienvenue dans un contexte plus que jamais angoissé, et un album à la direction longuement pensée et brillamment mise en œuvre.

Mereba a fait ses classes à Atlanta : à la fois au prestigieux Spelman College destiné aux jeunes Afro-Américaines, et avec le collectif hip-hop Spillage Village, dont sont membres JID et 6lack. Ce second LP est donc riche d’influences variées. Cela donne un son moderne enrichi par les cordes de masinqo et de krar, instruments traditionnels éthiopiens qui servent le R&B de White doves autant que l’harmonieux Sanctuary. Mélange des genres de plus en plus fréquent, mais qui tardait encore de ce côté-là de la soul urbaine. 

Après “The Jungle Is The Only Way Out“ (2019), Marian ­Mereba explore ici sa maternité nouvelle, ses racines et les liens qui l’unissent aux autres. “The Breeze Grew A Fire” évoque ses amis de longue date (Phone me), et réfléchit à ce qu’elle doit à ses aïeux (l’aérien Spirit guiding, dont les superpositions vocales résonnent comme une cérémonie de l’Église orthodoxe éthiopienne). Album mature, il est celui d’une artiste complète, chanteuse, compositrice et instrumentiste, dont la volonté de réunir autour d’elle une équipe réduite se comprend comme un moyen d’être la plus authentique possible. Pour finalement livrer 13 titres très personnels et destinés, comme elle nous l’a confié, « à tirer de ses expériences de vie ce qui peut être utile à d’autres ».

Mereba enjoint le public à protéger son équilibre intérieur comme un sanctuaire et à se recentrer, sans jamais perdre de vue l’importance de se tenir ensemble. Puisse-t-elle être entendue. 

Kiessée Domart-N’Sondé

Note : ★★★★
Label : Secretly Canadian
Sortie : 14 février 2025