Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
;
15 décembre 2022.
Pour sa première date parisienne, les choses ne se sont pas exactement passées comme prévu pour Mike Andersen : matériel et effets personnels égarés par la compagnie aérienne (dont sa fidèle Gibson ES347…) ; public difficile à enrôler, davantage venu dîner qu’assister à un concert ; une panne de basse qui oblige à décaler de 40 minutes le démarrage de second set… Un mur d’adversité que le chanteur-guitariste, fataliste, d’un flegme tout britannique, évacua avec philosophie (« Fuck it, we’re in Paris, man! », nous glissa-t-il à la pause, dans un grand éclat de rire)…
Venu avec son groupe au grand complet, celui-là même avec lequel il enregistre et se produit depuis plus de dix ans (le buriné Jens Kristian Dam à la batterie, Kristian Kold à la basse, Kristian Fogh aux claviers et aux chœurs et Johannes Nørrelykke à la guitare rythmique), Andersen démarre son show avec le titre phare de son dernier album, Slamming the door. Riffs bien dosés, vocaux clairs et posés, phrasé de guitare chantant à la B.B. King : on reconnaît en quelques secondes toute la finesse du bluesman danois.
L’orchestre enchaîne avec la mélancolique Next time you call (l’accompagnement à la Telecaster de Nørrelykke est de toute beauté), puis le shuffle Everything is alright, serti de beaux solos de guitare et de claviers. Who’s cheating who, premier morceau du premier album du Mike Andersen Band et premier titre à l’avoir fait connaître à la Danish National Radio, le voit évoquer ses débuts avec nostalgie, il y a plus de 20 ans déjà.
Retour au dernier album avec la magnifique If I fall again (I’ll never get up…), jouée avec finesse aux doigts, avant un détour par la soul de Barbed wire puis par le groove de Pretty fool, qu’il avoue avoir composé en regardant la « pire série jamais tournée, Desperate Housewives » (soit deux extraits de “The Devil Is Back”, opus de 2016 à réécouter d’urgence). S’ensuit un intermède acoustique de deux titres, durant lequel il emprunte au trop méconnu “One Million Miles”, qu’il enregistra seul en 2019. L’occasion d’essayer de tisser un lien avec les spectateurs, mais l’intimité ne passe pas très bien avec ce public peu au fait de son histoire ou de sa discographie… Le set se conclut par de beaux chorus de guitare croisés puis par la jazzy blues Raindrop in a drought, tirée de “Home” (2014).
Élégance, pudeur, simplicité, émotion : en dépit des circonstances, Mike Andersen aura réussi à exprimer toutes les qualités faisant de lui cet artiste si précieux.
Texte : Ulrick Parfum
Photos © Cindy Voitus