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Chroniques / 10.09.2024

Muddy Gurdy, Seven

“Muddy Gurdy”, l’album réalisé dans le Mississippi a valu au trio son nom et une exposition soudaine et méritée. Dont le prolongement dans leur terroir auvergnat, “Housecoming”, fut tout aussi captivant. Après la douloureuse disparition de son compagnon, le percussionniste Marc Glomeau, Tia Gouttebel poursuit logiquement l’œuvre entreprise en Louisiane.

L’architecture sonore est maintenant confiée à ­Fabrice Bony, tandis que la vielle à roue de Gilles Chabenat apporte toujours sa voix singulière. Ici encore, le trio convie l’auditeur à une plongée introspective au cœur des musiques de Louisiane. Nous assistons en témoins privilégiés à ces rencontres, ces échanges qui dépassent souvent le strict cadre musical. Les bribes de conversation qui prolongent les titres en témoignent. Jambalaya chanté par Tia plante bien le décor, avec le renfort du violon de Bobby Mitchell, puis le zydeco prend le relais avec Ruben Moreno, bon chanteur et formidable accordéoniste, tout aussi remarquable dans la reprise de I got loaded que dans sa compo Almost lost my mind. Plus surprenante encore est la participation des ­Broussard Sisters, spécialistes du juré, une vieille tradition de chant call and response, parfaitement adaptée par Tia et ses compagnons. Magique ! Le funk des Mardi Gras Indians n’est pas oublié avec un Morning comes emmené par le Big Chief Juan Pardo (des Golden ­Comanches et vu en France avec NALA 7).

Partout, la guitare incisive de Tia s’impose quand et où il faut, tout comme la vielle qui amène la profondeur de son bourdon. Tia est aussi une chanteuse touchante, bien sûr quand elle s’adresse à son défunt compagnon dans Laisser mon cœur, mais aussi dans les deux versions de Plain gold ring, deux ambiances pour une même émotion. 

Jacques Périn

Note : ★★★★½
Label : Chantilly Negra-Buda Musique
Sortie : 6 septembre 2024