Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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Le 20 septembre, nous sommes au White Shelter de Bouguenais pour The Low Kings, un trio formé par Fred Le Baron à la guitare et au chant, Ronan Le Huludut à la guitare et Cyril Durand à la batterie. Une telle formule laisse augurer d’un bon blues downhome et c’est ce qui se passe avec des reprises de John Lee Hooker, Hound Dog Taylor, Bo Diddley, mais aussi Taj Mahal, Tony Joe White, les Kokomo Kings ou JD McPherson. Fred chante aussi bien qu’avec les Deluxe Presidents, Ronan apporte une touche country rock ‘n’ roll à la guitare mais sait jouer délicieusement en slide quand il le faut, et Cyril est serein derrière ses fûts.
Le 17 octobre, l’émission de radio Prun’ de Blues prend ses quartiers dans les locaux du magasin Hurricane Music pour le premier Live de la saison 2019-2020. Les deux groupes programmés sont Ndeye 4tet et Max & the Freaky Buds. Le premier est composé de Ndeye Mboup au chant, Kevin Doublé à la guitare et à l’harmonica, Jeff Vincendeau à la contrebasse et Franck Thomelet aux percussions. Leur musique est faite de reprises de rhythm and blues grand teint, Ruth Brown, Buddy & Ella Johnson, et d’originaux chantés en wolof, avec parfois des phrases en français. L’aura de Ndeye, sa voix féline, la sensibilité des musiciens, créent un moment de grâce. Chez les Freaky Buds, Max Genouel est accompagné de Thomas Troussier à l’harmonica, Lonj à la guitare et Hugo Deviers à la batterie. En quatuor, le groupe se construit un répertoire avec des reprises appropriées et des originaux solides comme Runaway écrit par Hugo. Gros son vintage, blues fougueux, énergie rock, ils sont toujours bons sur scène.
Le 5 novembre, le Zygo Bar nous fait la surprise d’accueillir Jonn Del Toro Richardson et c’est une aubaine qu’on saisit volontiers. Avec Denis Agenet à la batterie et Lenny Paul Fatigati à la basse, Jonn va faire connaître sa façon de jouer et chanter le blues et les musiques sœurs, soul, funk, jump, swing. Ce sera une très agréable découverte tant il est efficace au chant et original à la guitare avec une technique particulière sur plusieurs doigts. Ses origines latines se reflètent dans un instrumental chaloupé, sur lequel Denis place un bon solo de batterie. Julien Broissand, présent dans la salle, sera invité à plusieurs reprises à prendre la guitare, son swing naturel se mariant très bien au répertoire de Jonn.
Le Festival Culture Bar-Bars vit sa dix-huitième édition du 28 au 30 novembre. Des dizaines de concerts dans tous les styles sont proposés gratuitement dans les bars de Nantes et la proche banlieue. Il faut consulter le programme soigneusement et trouver les bonnes estimations de temps de passage des groupes, de durée de trajet entre deux lieux et de leurs capacités d’accueil pour construire son propre plateau en étant prêt à le modifier au fil de l’eau si ça ne se passe pas comme prévu. Le vendredi 29, nous commençons au Chat Noir avec le Skanky Combo. Composé de Thomas Allain, guitare, harmonica, chant, Paul Steady, guitare, chant, Florian Jous, basse, et Gilles Marfaing, batterie, le groupe se consacre au rock steady, avec des reprises des gloires du genre, et des compositions comme Near the ocean ou Long distance love. Thomas et Paul chantent à deux voix et se partagent les solos de guitare, instrument que Thomas laisse de côté de temps à autre pour souffler dans son harmonica. Ça groove, Gilles étant particulièrement bon pour marquer le rythme à coups de rim shots, et Florian faisant bien ronfler sa basse. Les guitares sont régulièrement bluesy, n’oublions pas que le rock steady est pour une bonne part une retranscription locale des disques de rhythm and blues et blues que les soldats américains apportaient avec eux en Jamaïque. La salle se remplit par vagues successives pour suivre les ondulations du public.
À la fin du premier set il est temps de partir pour le John McByrne & Co où joue notre groupe fétiche The Royal Premiers. Fidèles à leur “coolitude”, ils annoncent qu’ils n’ont pas fait de balance et se lancent sans retenue dans leur garage soul énervée qui nous plonge instantanément dans un bien-être à renouveler sans modération. Ivy Thessalonia au chant, Yann Jaffiol à la guitare, Stéphane Vinet au saxophone, Jeff Gaboriau au trombone, Guillaume Zeller aux claviers, Franck Daniel à la basse, Olivier Caille à la batterie, le groupe a ses incontournables comme l’instrumental Twine time, les reprises Burnt toast and black coffee, Voodoo working, 36 22 36, mais il sait faire évoluer son répertoire avec I just want to make love to you ou Don’t treat me like dirt. La paire saxophone-trombone a un son énorme et chaleureux, l’orgue est acidulé et groovy comme il faut, la guitare souligne, la basse est nerveuse façon mods-pub rock, et Ivy rayonne au chant.
Là encore, il faut partir après le premier set pour foncer au Buck Mulligan’s et ne pas rater la première apparition nantaise de Lucky Pepper & the Santa Fellas, en provenance du Sud-Ouest. Geoffrey Lucky Pepper au chant et à la guitare, Greg Vouillat à la basse, Thomas Galvan à la batterie, ont ce délicieux talent qui leur permet de jouer un rockin’ blues speedé rafraîchissant et excitant. Larry Williams, Clarence Frogman Henry, Roy Brown, sont ainsi revisités, pour entourer des originaux comme Cause your lipstick et Poor little bird, le tout n’ayant qu’un seul but, faire danser. Geoffrey a une voix malicieuse et un jeu de guitare véloce et évocateur, Greg joue de sa basse comme d’une deuxième guitare et Thomas pompe le rythme comme si Hugo Deviers avait un petit frère énervé. Le trio est généreux et ne fait aucune pause. On repart de là avec leur disque dans la poche pour prolonger le plaisir à la maison.
Le samedi soir est consacré à un unique concert, celui de Max & the Freaky Buds au Buck Mulligan’s. L’endroit est bondé et le public renvoie une grosse énergie au groupe qui n’en demandait pas plus pour livrer deux sets dont tous les potentiomètres seront au maximum. Chant, guitares, harmonica, batterie, tout est affûté, avec ce qu’il faut de folie pour emporter le morceau. Howlin’ Wolf, John Lee Hooker, Muddy Waters, R.L. Burnside, Jimmy Reed, Big Lucky Carter, Red Devils, voilà les sources du quatuor, avec quelques compositions originales dont Next to you ou She’s made of fire, écrit avec John Németh. Guitare et harmonica échangent des solos incendiaires, la batterie ressemble à un rassemblement de tambours de guerre, sous le regard impassible de Lonj qui prendra le chant sur quelques morceaux dont TV baby. Le public rugit, crie, siffle, applaudit, et ondule. Quelle soirée !
C’est encore au Buck Mulligan’s que nous allons le 5 décembre pour les Deluxe Presidents. Fred Le Baron, guitare et chant, Sami Touré, guitare, Thomas Troussier, harmonica, Yann Renoul, basse, et Olivier Sueur, batterie, le groupe est une valeur sûre de la scène nantaise. Reprises érudites de blues des années 1950, 1960 et ultérieures, dont une bonne part en provenance de Chicago, chant rempli de gouaille, solos de guitare bluesy, harmonica au top, et rythmique solide, le groupe a tout pour plaire.
2019 se termine le 21 décembre au Rouge Mécanique avec le duo Arnaud Fradin & Thomas Troussier. Quoi de plus agréable et de plus délassant pour oublier une semaine de travail que de retrouver ces deux musiciens ? Chant de qualité, répertoire du Roots Combo avec d’autres reprises comme le Dust my broom d’Elmore James, une guitare acoustique bluesy comme on n’en entend peu, des solos d’harmonica à grimper sur le bar, un public compact, on est bien et on repart léger, d’autant qu’on sait qu’on les reverra en janvier.
Texte et photos : Christophe Mourot
Photo d’ouverture : Max Genouel & the Freaky Buds