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Live reports / 04.06.2024

Nubiyan Twist, New Morning, Paris, 2024

13 mai 2024.

Une semaine tout juste après le passage remarqué de Shabaka Hutchings, c’est au tour de ses compatriotes de Nubiyan Twist de remplir le New Morning, en configuration debout. La ressemblance s’arrête là cependant. Là où le public du lundi précédent avait apporté à la musique du saxophoniste reconverti en flûtiste une écoute attentive et concentrée à la hauteur de l’intensité de la prestation, celui du collectif originaire de Leeds est venu avec l’intention de faire la fête et de se plonger dans le groove débridé de ses disques.

Bien que Nubiyan Twist se soit produit à plusieurs reprises en France, l’ensemble n’est que rarement venu à Paris, mais c’est la première fois qu’il joue au New Morning et l’accueil est à la hauteur des attentes. Dès le premier titre, All the same, un extrait du nouveau disque sorti une dizaine de jours avant le concert, l’ambiance dans la salle est à l’incandescence, et elle ne retombera pas avant le dernier rappel exigé à hauts cris par les spectateurs – je n’ai pas le souvenir d’un tel volume sonore au New Morning. 

Il faut dire que l’ensemble emmené par Tom Excell à la guitare et aux percussions est une redoutable machine à groove : section rythmique propulsive (Finn Booth à la batterie, Luke Wynter à la basse), section de cuivres au carré (Jonny Enser à la trompette, Nick Richards et Denis Scully aux saxophones) auxquels s’ajoutent les claviers imaginatifs de Lewis Moody, le tout cadré par des arrangements extrêmement solides et une cohésion de groupe très impressionnante qui permet à l’ensemble de décliner sans difficulté mais aussi sans complaisance son répertoire.

Habitué à accueillir de nombreux invités sur ses disques, le groupe a une arme fatale pour compenser leur absence lors des concerts : la chanteuse Aziza Jaye, nouvelle recrue arrivée pour le nouvel album. Si elle peut sembler au début manquer un peu de charisme, elle ne cesse de monter en puissance, se montrant capable aussi bien de se glisser dans les pas de Mamani Keita (Slow breath) ou de Seun Kuti (Mother) que de rapper avec conviction. Le saxophoniste Nick Richards la relaye ponctuellement au chant, mais c’est bien elle qui assure le point focal des principaux titres, presque tous empruntés au nouvel album du groupe. 

Si le premier set est déjà très réussi, le second gagne encore en puissance et en intensité, avec en particulier l’enchaînement irrésistible de certains des morceaux les plus marquants du nouveau disque, Find your flame, So mi stay, Carry me et Woman, avant un final débridé enchaînant les deux parties de Pray for me. Au vu de l’ambiance, les musiciens ne se fatiguent même pas à quitter la scène avant d’enchaîner avec le rappel, Tittle tattle, un titre du disque précédent, mais cela ne suffit pas à satisfaire un public à l’enthousiasme débordant, qui convainc le groupe – qui ne cache ni sa joie ni son émotion devant une telle réception – de revenir pour un dernier titre, le très efficace Basa basa extrait de l’album “Jungle Run”.

Sans surprise, le stand de merch est dévalisé, et dans le métro qui reconduit chacun vers la réalité, nombreux sont les spectateurs porteurs du nouveau disque qui échangent des regards de connivence. La date parisienne était la première étape d’une petite tournée passant par Lyon, Rennes et Cenon, et le retour de Nubiyan Twist prévu sur les scènes françaises est d’ores et déjà prévu pour le mois d’octobre. Nul doute que chaque nouvelle date fera de nouveaux convertis, et que le collectif pourra promener son groove un peu partout très rapidement. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo © Laure Page

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