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Brèves / 14.02.2024

One Love, le biopic sur Bob Marley

Ce biopic réalisé par Reinaldo Marcus Green et produit par Ziggy Marley dévoile la résilience de Bob Marley face à l’adversité (dans une Jamaïque très troublée politiquement), le chemin qui l’a amené à sa musique révolutionnaire et à son exil londonien forcé des années 1976-1978 (deux albums durant cette période : “Rastaman Vibration” et “Exodus”) : on y voit à la caméra sa période de création avec les Wailers (incluant le guitariste Junior Marvin, influencé par le blues et le rhythm and blues, qui rejoint le groupe le 14 février 1977).

Pour jouer le roi du reggae, Kingsley Ben-Adir (qui fêtera ses 38 ans, la même mois que la sortie du film), a dû se métamorphoser : perdre du poids, apprendre à jouer de la guitare, visionner ses concerts pour acquérir la gestuelle sur scène (si singulière, presque hypnotique), son élocution, rencontrer toute la famille Marley, ses amis afin trouver d’y trouver la juste vibration. Sa prestation est admirable, lui qui n’avait jamais chanté (il mêle sa voix à celle de Bob Marley, lors des scènes acoustiques, en présence de vrais musiciens), danser ou jouer de la guitare avant ce film.

Le film, qui débute en 1976 à Kingston lors d’un concert pour la paix en réponse aux profondes divisions politiques et à la violence, brosse à la fois le portrait d’une légende de la musique dont le message d’unité a fait de lui la cible des prosélytes de la violence et celui d’un époux, d’un père et d’un rebelle. L’ambassadeur du reggae avait ses failles et sa part d’ombre, que l’on voit peu à l’écran : infidèle (mais accaparant sa femme Rita Marley durant le film), s’occupant peu de ses nombreux enfants (il en a reconnu onze, donc cinq avec Rita), fumant abondamment de l’herbe, mais un instigateur de changement qui a considérablement œuvré pour ceux qu’il aimait et pour le monde, jusqu’au bout, la tournée européenne et américaine Uprising Tour ayant eu lieu quelques mois avant son décès en 1981. 

Bob Marley échappe à la mort en décembre 1976, lorsque des hommes armés font irruption chez lui en Jamaïque. Touché par une balle au bras, il s’en sort relativement bien, mais très marqué, il part pour Londres où le mois suivant, début 1977, il écrit vingt chansons. Dix d’entre elles composeront l’album “Exodus” (1977), sûrement son album le plus marquant : avec un Bob Marley sage, empathique et passionné sur chaque titre. Une face A engagée, mobilisatrice et une face B plus divertissante et pop. L’album mélange le reggae avec des éléments mélodiques, harmoniques et rythmiques de blues, de soul, de rock britannique (l’Angleterre est à l’époque en pleine vague punk) et de funk. Les dix autres titres seront pour l’album “Kaya” (1978), avec notamment le tube Is this love, en hommage à son amour de l’époque (cette liaison n’est pas mentionnée dans le biopic), Cindy Breakspeare, Miss Monde 1976.

Nous revoyons Bob Marley de retour en Jamaïque en 1978, pour y jouer à un autre concert, celui œuvrant pour une réconciliation nationale, le One Love Peace Concert, une fois de plus dans un effort pour calmer les parties en guerre. À la fin de la représentation, Michael Manley et son rival politique Edward Seaga se sont rejoints sur scène et se sont serré la main à la demande de Marley.

L’année précédente, on lui diagnostique un mélanome à la suite d’une blessure au pied contractée lors d’une partie de football. Marley croit être guéri après une opération, mais la maladie resurgit trois ans plus tard, après deux concerts historiques donnés à New York, au Madison Square Garden ; il s’effondre au cours d’un footing dans Central Park. Les médecins lui donnent quelques mois à vivre…

Ce film est destiné à ceux qui veulent en savoir plus sur l’homme et ses combats derrière l’artiste, également à toute une nouvelle génération qui connaît quelques titres de Bob Marley écoutés grâce à leurs parents ou leurs proches… quarante-trois ans après son décès. 

Pierre Sokol

Bob Marley: One Love 
Le 14 février 2024 au cinéma. 1h47. De Reinaldo Marcus Green, avec Kingsley Ben-Adir (Bob Marley), Lashana Lynch (Rita Marley), James Norton (Chris Blackwell, le producteur de Bob Marley).

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