Entre le son grainé d’une batterie incisive, des entrelacs de guitare électrique et un canevas de claviers bigarrés, Tiffany Majette, alias Orion Sun, trouve de beaux espaces pour poser son chant tranquille et aérien. Le climat sculpté par cette multi-instrumentiste de Philadelphie capte l’attention notamment grâce à un habile jeu de contrastes qui donne à ce premier album une belle unité. 

On s’y laisse facilement transporter, partagé entre l’attrait d’une matière sonore riche et un relatif manque de chansons marquantes. Certaines se détachent, comme ce Ne me quitte pas (pas celui de Brel) qui s’appuie sur un groove en suspension et, surtout, ce radieux Coffee for dinner teinté d’onirisme qui en contrecoup fait un peu trop d’ombre au reste. Entretemps la basse molletonnée d’un El camino funky jazzy aura dialogué avec un joli phrasé rappé-chanté évoquant Noname. 

En coda, la douce déclaration de Birds gave up illustre, telle une berceuse et non loin d’un Daniel Caesar, les bienfaits de la mélancolie. Cet album pourrait bien être plus puissant qu’on ne l’imagine.

Nicolas Teurnier

Note : ★★★
Label : Mom+Pop
Sortie : 27 mars 2020