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Live reports / 24.07.2024

Patrice Rushen, New Morning, Paris, 2024

16 juillet 2024.

« Enfin ! », cette exclamation de Patrice Rushen – en français dans le texte – juste après avoir joué le premier morceau de la soirée, le tout à fait approprié Number one, résume bien l’état d’esprit qui régnait au New Morning lors de sa prestation. 

C’est en effet la première fois depuis le début de sa carrière il y a maintenant cinquante ans que la chanteuse et claviériste se produisait sous son nom sur une scène française, après différentes apparitions en tant qu’accompagnatrice aux côtés d’artistes comme Carmen Lundy, Christian McBride ou Lee Ritenour, et c’est une ambiance à la hauteur de ce qui était sans doute le plus grand évènement soul et funk de l’été parisien qui l’attendait, avec une salle pleine à craquer – les deux shows étaient complets quasiment dès la mise en vente des billets au printemps… 

Même si elle n’a jamais cessé d’enregistrer avec d’autres, Rushen n’a pas publié de nouveau disque sous son seul nom depuis 1997, et c’est donc une setlist de classiques qu’elle présente, une bonne occasion pour cette première fois de revisiter des titres de l’ensemble de sa carrière, de The hump, extrait de “Shout It Out” (1977) à Feels so real (Won’t let go) de “Now” (1984), auquel s’ajoute l’encore inédite Song for a better day, écrite pendant la période du covid. 

Comme George Benson, c’est d’abord en tant qu’instrumentiste que Rushen s’est fait remarquer, avant de se découvrir chanteuse et de se lancer dans une carrière pop bien éloignée de ses origines côté jazz. Mais c’est bien assise à ses claviers qu’elle passe la plus grande partie du concert, accompagnée par un orchestre brillant et tout à fait en osmose avec elle et avec sa musique : Enzo Iannello à la guitare, Rayford Griffin à la batterie, Andrew Ford à la basse, Rastine Calhoun au saxophone et à la flûte, Chris Gray à la trompette aux Alexis Angulo aux claviers. Vétéran du groupe de Rushen – elle explique avoir dû aller le récupérer après qu’il lui ait été « piqué » par Jean-Luc Ponty, George Duke et Stanley Clarke –, Griffin bénéficie d’ailleurs d’une mise en avant particulière sur l’instrumental Arrival, extrait du dernier album en date de la musicienne, qui fait regretter qu’il n’y ait pas eu assez de place sur la scène pour le piano du New Morning… 

Mais ce sont évidemment ses tubes et classiques soul et funk qui occupent l’essentiel du show, au grand plaisir du public qui reconnaît dès les premières notes des chansons comme You remind me ou Feels so real (Won’t let go). Certes, le programme très orienté “best of” manque peut-être un peu de surprises, mais, bien qu’elle semble jouer exactement les mêmes titres chaque soir depuis plusieurs années, Rushen ne sombre pas dans la routine et fait preuve d’un enthousiasme communicatif et d’une inspiration constante dans ses solos. Le groove irrésistible de Forget me nots et son fameux double clap – repris sans hésitation ni faux pas par la salle tout entière – vient marquer la fin du set, avec un solo de keytar en guise de clin d’œil aux eighties.

En rappel, Rolling with the punches est le point final du set, mais Rushen ne manque pas de suggérer au public de l’inviter à nouveau. Au vu de la réussite de la soirée, l’idée sonne comme une évidence… 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Pascal Martos

Patrice Rushen

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