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Hommages / 11.06.2019

Paul “Lil’ Buck” Sinegal, 1944-2019

Blues, soul, funk, zydeco : en bon musicien louisianais – il était né à Lafayette –, il n’est pas de genre auquel Paul “Lil’ Buck” Sinegal ait été étranger, et seul son goût pour la position d’accompagnateur lui a interdit une notoriété plus large. 

Dès la fin des années 1950, il se fait une place sur le circuit local, à la fois en studio (notamment chez Excello) et sur scène : ses Top Cats – dont l’organiste est un certain Stanley Dural, futur Buckwheat Zydeco – enflamment les clubs de tout le sud de la Louisiane, accompagnant des artistes de passage comme Barbara Lynn ou Joe Tex. Avec le groupe, il grave également quelques titres instrumentaux incendiaires pour le label La Louisiane, plutôt spécialisé dans la musique cajun. La notoriété internationale vient lorsqu’il rejoint, à la fin des années 1960, l’orchestre du “King of Zydeco”, Clifton Chenier, qu’il accompagne sur disque et sur scène, notamment à l’occasion de ses différentes tournées européennes.

Avec Barbara Lynn, Chicago Blues Festival 2008. © André Hobus

Dans le courant des années 1980 et 1990, il collabore également avec d’autres artistes zydeco comme son vieux camarade Buckwheat ou Rockin’ Dopsie, avec qui il participe à l’album de Paul Simon “Graceland”. À la fin des années 1990, il participe à différentes productions d’Allen Toussaint pour son label NYNO. C’est dans ce cadre qu’il enregistré son premier disque personnel, “The Buck Starts Here”, produit par Toussaint et co-écrit avec lui. Celui-ci marque une réorientation musicale vers le blues au sens strict du terme – même si Sinegal décrivait le zydeco comme « du blues joué avec de l’accordéon »  –, que confirme son second album, le très réussi “Bad Situation”, paru quelques années plus tard, mais aussi et surtout son alliance, à partir du début des années 2000, avec le pianiste vétéran Henry Gray, vue à plusieurs reprises sur les scènes françaises ainsi qu’au Jazz Fest de La Nouvelle-Orléans, dont il était un pilier.

Très apprécié de ses collègues pour sa gentillesse naturelle et la discrétion qui l’amenait à se mettre volontiers au service musical des autres, il était une présence régulière sur les différentes scènes louisianaise. Il était ainsi devenu un des piliers du Ponderosa Stomp, où la dernière version de ses Top Cats jouait régulièrement le rôle de house band pour les artistes invités. Les heureux témoins de l’édition 2005, pour laquelle Sinegal avait reformé son groupe historique avec Stanley Dural à l’orgue, ne sont pas près d’oublier sa prestation…

Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © André Hobus

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