Nikki Giovanni (1943-2024)
11.12.2024
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Le chanteur et harmoniciste texan Paul Orta s’est donc éteint le 16 mai 2019 à l’âge de 61 ans. Comme nous l’avions relaté sur notre site Internet il y a moins d’un mois, il était atteint d’un cancer à un stade avancé, diagnostiqué en fin d’année dernière. Sa famille avait lancé une collecte pour financer les soins toujours très coûteux outre-Atlantique, mais cela n’aura malheureusement pas suffi.
Paul Orta vient de Port Arthur au Texas, où il est né le 6 septembre 1957. S’intéressant très jeune à la musique, il y est venu par Louis Armstrong qu’il avait vu dans un film, apprenant d’ailleurs la trompette dès l’âge de 7 ans. Un instrument qu’il va pratiquer pendant huit ou neuf ans, mais qu’il finira par le délaisser vers l’âge de 15 ans, déçu de ne pas pouvoir jouer davantage de jazz et de blues. Il le remplace donc par l’harmonica et semble apprendre très vite, car selon la biographie sur son site officiel, après trois mois il jouait déjà dans un groupe, le Bayou Boogie Band !
Les premiers harmonicistes qu’il entendit sont Billy Bizor (avec Lightnin’ Hopkins) et Sonny Terry, dont il gardera en partie la “rusticité” dans son jeu. Les “monstres sacrés” de l’instrument, Little Walter et les deux Sonny Boy, viendront plus tard… Avec son groupe initial, il tournera durant trois ans en Louisiane et au Texas, et il finira par s’installer en 1979 à Austin, ville où la scène blues est particulièrement active. Il forme un nouveau groupe (qui deviendra les Kingpins) et sa réputation grandit, ce qui lui vaut d’intégrer comme bien d’autres le club tenu par Clifford Antone, et lui permet de prendre une nouvelle dimension. En effet, il fréquente alors des bluesmen de premier ordre dont Jimmy Rogers, Snooky Pryor, Eddie Taylor, Sunnyland Slim, Hubert Sumlin, Matt “Guitar” Murphy, Pinetop Perkins, Henry Gray et Robert Lockwood, Jr. Trois d’entre eux le marquent particulièrement : Snooky Pryor, une grande source d’inspiration à l’harmonica, et Jimmy Rogers et Hubert Sumlin, avec lesquels il obtiendra des engagements sur la durée.
Dans les années 1980, il voyage de plus en plus hors États-Unis et s’attache à l’Europe, il vivra d’ailleurs quelque temps en France, à Bordeaux et surtout à Paris. En 1989 et 1990, il sort des deux premiers albums, “I’ll Kick Your Booty” (New Rose) et “Don’t Mess With Mezcal” (Red Lightnin’), qui comptent beaucoup de reprises de classiques, mais cela ne les empêche pas d’être réussis. Le live de 1992 “U.P. Wilson With Paul Orta And The Kingpins” (Red Lightnin’) est dans la même veine. Mais Paul Orta va ensuite progressivement faire évoluer sa musique, en composant davantage mais surtout en la colorant d’emprunts tex-mex qui le distinguent de nombre de ses pairs, le Mexique et l’Espagne étant deux pays dans lesquels il est également très populaire. Une originalité qui lui permettra de se constituer une discographie d’un très bon niveau quasi uniforme. Il démontre aussi sa polyvalence et son attachement à la Louisiane sur “Shuffle With Lazy Lester” (Blues International, 2001, mais enregistré en 1999). Même s’il n’avait publié d’album depuis 2015, Paul Orta continuait de se produire, et son talent et sa personnalité attachante manqueront au blues.
Texte : Daniel Léon
Texte réalisé d’après la biographie du site officiel de Paul Orta et une interview de l’artiste publiée en 2013 sur Blues Gr.