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Live reports / 08.12.2021

Priya Ragu, Badaboum, Paris

26 novembre 2021.

Pas de chance pour Priya Ragu : c’est au moment du déclenchement du second confinement qu’est sorti son premier tube, l’irrésistible Good love 2.0, et la chanteuse suisse d’origine tamoule, désormais basée à Londres, n’a pas pu en assurer la promotion comme la chanson l’aurait méritée. C’est donc avec un an de décalage – et après la sortie de son premier album, “Damnshestamil”, qu’elle présente comme une mixtape – qu’elle s’engage dans sa première tournée, qui passait notamment par le très chaleureux Badaboum.

Protégée d’Ibrahim Maalouf, qui a produit et publié au début de l’année sur son label son premier EP, Thaïs Lona a déjà des fans. Il faut dire que la jeune chanteuse originaire de la Drôme a l’habitude de la scène, après de nombreuses premières parties – notamment avant les concerts de son mentor à l’Olympia, à la Cigale et bientôt à Bercy – et quelques prestations festivalières cet été, et que cela se voit dans sa présence sur scène. Accompagnée aux claviers part Yacha Berdah – un autre partenaire régulier de Maalouf – et de quelques machines, elle revisite les titres de son EP, dont l’excellent Dancing again, dans un registre R&B sous influences des années 1990 et 2000. Aussi à l’aise dans le chant que dans le rap, elle évoque souvent Lauryn Hill, aussi bien dans l’interprétation que dans une écriture sans cliché qui ne craint pas de plonger dans l’intime, et la demi-heure qui lui est dévolue passe très rapidement. Une artiste à surveiller, sans aucun doute.

Si Good love 2.0 a désormais plus d’un an, Priya Ragu a continué à publier de nouveaux titres pendant ce temps – dont le très bien vu Lockdown, sur l’amour au temps du confinement –, et c’est un public très motivé qui l’accueille, après une courte intro instrumentale sur scène. Accompagnée par un groupe largement familial – son frère aux claviers, son meilleur ami aux chœurs, un batteur, une excellente guitariste (dont le nom m’échappe, hélas) et une deuxième musicienne aux claviers, soit, comme pour Arlo Parks quelques jours plus tôt, une parfaite parité sur scène –, la chanteuse donne vie sur scène à ses chansons – Good love 2.0 arrive tôt dans le show, dans une version presque un peu courte, comme si elle en avait fait le tour – et salue ses influences musicales, de Stevie Wonder (jolie version à Love’s in need of love today) à Musiq Soulchild.

Hip-hop ou R&B, Ragu est à l’aise dans les deux univers, qu’elle pimente volontiers d’influences venues de ses origines – revendiquées ! – tamoules sans sombrer dans les pièges de l’exotisme facile grâce à l’écriture solide de chansons comme la jolie balade Forgot about ou l’accrocheur Lighthouse. Si elle semble un instant déstabilisé par les problèmes de micro qui viennent entacher son interprétation du très personnel Deli, elle reprend vite le dessus et livre de belles versions dynamiques de ses titres, et en particulier du percutant Lockdown, visiblement très attendu. Le concert est un peu court – tout juste une heure –, mais sans temps mort, et le public ne cache pas son enthousiasme – au point que le nouvel album soit indisponible au concert, pour cause d’achats massifs lors des dates précédentes ! Quoi qu’il en soit, la déclinaison live vient confirmer que Priya Ragu a le potentiel pour être bien plus que l’artiste d’un seul tube… 

Texte : Frédéric Adrian

BadaboumFrédéric AdrianPriya Ragu