Nikki Giovanni (1943-2024)
11.12.2024
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Avec la disparition du Rev. Clay Evans ce mercredi à l’âge de 94 ans, le gospel de Chicago perd l’une de ses figures majeures. Connu en France grâce au CD “I’ve Got A Testimony” conçu par Jean Buzelin et paru chez Frémeaux & Associés en 1997, il a été très populaire et influent au sein de la communauté afro-américaine pendant près de sept décennies. Aux États-Unis, c’est sur l’historien Bob Marovich, auteur d’une notice biographique sur le site de Malaco, que l’on peut s’appuyer pour retracer le parcours exceptionnel d’un grand homme.
Né dans le Tennessee en 1925, Clay Evans “monte” à Chicago juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en juin 1945. Cinq ans plus tard, il est ordonné et fonde sa propre église, la Fellowship Baptist Chuch. Il la dote aussitôt d’une chorale qui va prendre des proportions considérables, allant jusqu’à réunir 150 voire 200 voix. Compositeur-arrangeur (By and by par les Davis Sisters en 1952), chanteur à la voix grave et forte, Evans est avant tout un prêcheur, depuis son pupitre de “ministre” ou derrière le micro d’une station de radio. Parmi ses fidèles auditeurs figure celui qui “inventera” la musique soul, Sam Cooke.
Rev. Clay Evans prend aussi une part importante dans le mouvement des droits civiques. Au milieu des années 1960, il rencontre Jesse Jackson et, quelques années après l’avoir ordonné en 1968, ils lancent ensemble l’opération PUSH (People United to Save/Serve Humanity).
D’un point de vue discographique, Clay Evans et sa chorale laissent une œuvre très vaste. Son premier album, en compagnie de la Fellowship Baptist Church Choir, paraît en 1962 sur son propre label. De 1970 au milieu de la décennie suivante, il publie une dizaine de 33-tours parlés ou chantés pour Jewel, le label de Stan Lewis à Shreveport. Puis il rejoint Savoy, la grande maison de disques de gospel, dont le catalogue appartient aujourd’hui à Malaco. Plusieurs de ses albums atteignent alors les sommets des classements de musique religieuse aux États-Unis. Dans le livret de son CD Frémeaux & Associés, Jean Buzelin parle d’une « évidente filiation » entre Thomas A. Dorsey (1899-1993), le père du gospel moderne, James Cleveland (1931-1991), grand meneur de chœurs, et Clay Evans. Un chapitre de la grande histoire du gospel vient de se clore.
Texte : Julien Crué
Photos © Brigitte Charvolin