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Chroniques / 15.04.2021

Rocksteady Got Soul

L’affaire est entendue. La Jamaïque a longtemps eu les oreilles connectées aux radios de La Nouvelle-Orléans ou de Miami. Dans les années 1950, on jouait volontiers les tubes des shouters du moment (Big Joe Turner, Roy Brown, Wynonie Harris, Amos Milburn…) dans les premiers sound systems de Kingston. Pas étonnant alors de voir la soul s’immiscer dans les productions locales une dizaine d’années plus tard sous l’appellation rocksteady, avant que “reggae” ne s’impose comme terme générique pour la large palette des musiques jamaïcaines.

C’est donc sur une courte période (1966-1969) que se sont écrites les grandes heures du rocksteady. Un genre hérité du ska mais dont le tempo, ralenti de moitié, laissait ainsi les voix ou un instrument soliste s’exprimer pleinement. Harmonies vocales, chœurs et voix lead empruntent directement à la soul nord-américaine qui bat alors son plein et inonde le marché mondial de 45-tours. Tout en syncopes et truffé de gimmicks accrocheurs (intro, break, refrains…), ce rocksteady alors prisé de la jeunesse évoque très souvent, à l’instar de la soul, ce grand sujet fédérateur qu’est l’amour, mais pas que. Comme ailleurs, un souffle revendicatif balaye les esprits sages et policés dans cette seconde moitié des sixties. 

Noms connus ou obscurs, plongez-vous dans cette large sélection très bien documentée. Un bon sac de soul jamaïcaine avec cet arôme si particulier que peuvent avoir les productions artisanales (belles basses ronflantes, orgues ou cuivres saturés, accent et flow originel). De véritables artifices pour conquérir le cœur des aficionados de soul sixties, sur le fond, comme dans la forme !

Julien D.

Note : ★★★★
Label : Soul Jazz
Sortie : 5 mars 2021

Julien DSoul Jazz Records