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Live reports / 06.11.2024

Ronnie Foster, New Morning, Paris, 2024

23 octobre 2024. 

Quelle bonne idée a eu Don Was, président de Blue Note, de proposer à l’organiste Ronnie Foster de renouer avec le prestigieux label, presque 50 ans après y avoir enregistré son cinquième album avant de partir chez Columbia ! Foster est un monument de la musique afro-américaine, disciple de Jimmy Smith, signé sur Blue Note en 1971 à 21 ans, auteur de classiques (“Two Headed Freap” avec Mystic brew) samplés par la génération hip-hop, collaborateur de George Benson avec Phil Upchurch sur l’énorme “Breezin’”et complice de Stevie Wonder pour Isn’t she lovely.  À désormais 74 ans, il ne semble pas complètement pouvoir absorber le bonheur d’avoir enregistré un nouvel album et de pouvoir faire une grande tournée européenne dont la date au New Morning est la conclusion. 

Sa dernière prestation francaise il a quelques années, très jazzy, avait laissé les spectateurs un peu dubitatifs, mais ce soir c’est un autre Ronnie Foster, terriblement funky et diablement dynamique, entre autres peut-être grâce au jeu de son batteur de fils Chris Foster, 38 ans, qui avouera après le concert se plaire à jouer un groove lourd et implacable (« Ronnie a besoin d’être poussé au c** pour se surpasser », dira-t-il). Le trio est complété par le guitariste Michael O’Neill, au jeu pas vraiment jazz tirant plutôt vers Scofield ou Frisell, et qui joue sur une drôle de guitare Yamaha ! L’homme était déjà le complice de Ronnie lors des tournées avec George Benson, puis Stevie Wonder, et contribue à tirer le trio vers un son plus moderne très bienvenu.

Chris Foster
Ronnie Foster
Michael O’Neill

Et quel concert ce soir au New Morning ! Entamé par un hommage au maître Jimmy Smith, il se poursuit par de multiples extraits de l’excellent nouvel album entrecoupés par quelques classiques, sa version instrumentale de Isn’t she lovely, ou The two headed freap extrait de son premier album (« un matin de 1993, je me lève, j’allume la radio et j’avais un hit ! C’était Electric relaxation de A Tribe Called Quest… »). Ronnie Foster joue aussi le blues et fait chanter la salle sur Hey good lookin’ woman, les spectateurs, plutôt jeunes d’ailleurs, sont bouillants et Ronnie Foster quittera la scène quasiment en pleurs après son rappel, expliquant que c’est trop d’émotions et que le New Morning est le meilleur club du monde !

Texte : Éric Heintz
Photos © Fouadoulicious