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Hommages / 27.09.2020

Roy Head (1941-2020)

Il est des chansons qui ont vocation d’être éternelles, et Treat her right en fait évidemment partie : entendue encore l’an dernier dans le film de Quentin Tarantino Once Upon a Time… in Hollywood, elle a été reprise dans tous les registres, de Chris Farlowe à Otis Redding, de Barbara Mandrell à Jerry Lee Lewis, de Johnny Thunders à George Thorogood… et même par Dick Rivers et Mae West ! Cette diversité reflète bien la carrière de Roy Head qui, au fil des années, s’est joué des frontières entre rock ‘n’ roll, rhythm and blues et country. 

Originaire de Three Rivers, au Texas, Head est encore lycéen lorsqu’il forme, avec quelques camarades, un groupe baptisé The Traits. Vite remarqué sur les scènes locales, l’ensemble fait ses débuts à la fin des années 1950 sur le label TNT puis sur Renner, décrochant quelques petits succès locaux et s’imposant comme un des groupes de scène les plus spectaculaire de l’État, avec son mélange de rock ‘n’ roll et de R&B et, surtout, la présence spectaculaire de Head, qui s’inspire dans ses prestations de Jackie Wilson et de James Brown.

Le destin du groupe change lorsqu’il signe avec Huey Meaux : cosigné par Head et le bassiste Gene Kurtz, Treat her right est le premier single publié, sous le nom de Roy Head & the Traits, sur Back Beat en 1965. Un succès immédiat. Propulsé par les invraisemblables prestations télévisuelles de Head, le disque se classe, en pleine “British invasion” à la deuxième place du hit-parade de Billboard derrière le Yesterday des Beatles, et atteint également le même rang dans le classement R&B.

Sans retrouver cet improbable niveau de succès, les disques suivants de Head (avec ou sans les Traits), mélange d’originaux et de reprises empruntés à Willie Dixon, Jimmy McCracklin ou Rosco Gordon, se font également remarquer, mais même cette popularité est éphémère. Après une dernière tentative dans un registre soul et funk, l’album “Same People (That You Meet Going Up, You Meet Coming Down)”, paru en 1970, Roy Head, désormais séparé des Traits, se tourne vers la country, avec un certain succès : 24 titres dans le hit-parade country jusqu’au milieu des années 1980, dont trois dans le Top 20… Il ne néglige cependant pas pour autant ses racines rock ‘n’ roll et R&B : son dernier album studio, “Living For A Song”, sorti en 1985, accueille ainsi les guitares de Lonnie Mack et Stevie Ray Vaughan.

Si Roy Head délaisse les studios à partir des années 1980, il reste une attraction très populaire sur le circuit live, notamment dans le milieu du revival rock ‘n’ roll. Il est également un habitué du Ponderosa Stomp où il se produit à plusieurs reprises, n’oubliant jamais de déserter la scène rock pour s’offrir une chanson – Treat her right, bien entendu – avec l’orchestre de Lil’ Buck Sinegal. Si l’époque des acrobaties est révolue, il reste une bête de scène impressionnante, au jeu de micro unique – l’auteur de ses lignes l’a entendu s’exclamer « qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec ce truc ? » quand l’équipe du Ponderosa Stomp a tenté de lui faire utiliser un micro sans fil ! – et à la personnalité charismatique. Bien que sa musique ait été régulièrement rééditée, il n’existe à ce jour aucune compilation qualitative consacrée à sa carrière. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © DR

Roy Head and the Traits © R.A. Andreas/Cache Agency)

Frédéric AdrianRoy Head