Jaz Karis, La Boule Noire, Paris, 2025
05.03.2025
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27 avril 2024.
Ayant gagné sa place en première partie de cette soirée lors du Tremplin Blues 2023 des Rendez-vous de L’Erdre, le Windy City Blues Band est un quatuor d’Avignon qui évolue dans le style chicagoan old school de Muddy Waters-Willie Dixon. Créé par le chanteur Philippe Faissolle, le groupe compte aujourd’hui également dans ses rangs Bruno Richard, harmoniciste et percussionniste, Mat Cassagne contrebasse (toujours Willie Dixon !) et Alex Rabilloud, guitare. La rythmique joué par Mat et l’étonnant Bruno Richard qui joue sur un squelette de batterie type one-man band est bien roots, sachant que Bruno joue en même temps très efficacement de l’harmonica dans l’esprit des maîtres Sonny Boy Williamson II et Little Walter, impressionnant ! Vocaux de qualité du leader Philippe Faissolle et partie de guitare avec un soupçon d’influences British Blues ’60s d’Alex Rabilloud donnent au final une formation qui mérite largement d’être revue dans les festivals et clubs de France et de Navarre.
Très attendu par ceux qui connaissent sa longue carrière et son immense talent, le guitariste californien Rusty Zinn a donné à Tremblay ce qui est peut-être le meilleur concert blues de ce premier semestre sur Paris et la région parisienne. Méconnu chez nous (sa dernière visite remontant à un job temporaire avec les Nightcats en remplacement de Charlie Baty il y a bien longtemps), Rusty Zinn a fait parler son talent d’abord comme guitariste de Mark Hummel, puis de Kim Wilson avant de faire une remarquable carrière solo sur Alligator puis Black Top, et de sortir un excellent album avec Martin Lang en 2023.
S’il joue habituellement avec Sugar Ray and The Bluetones, pour cette tournée européenne en solo il retrouve deux formidables complices en la personne de Marc Tee, batterie et chant, et Dirk Van Der Linden à l’orgue Hammond. Très inspiré par Luther Tucker, Rusty Zinn va dérouler un set parfait, propice à l’improvisation, sans setlist, chaque musicien proposant à son tour tonalité et rythme à suivre dans un esprit trio de soul jazz ou de blues instrumental. Ils entament d’ailleurs le concert avec une version de Honky tonk, puis reprennent un morceau de Wild Bill Davis et joue un instru à la T-Bone Walker. Rusty nous prévient qu’il est enroué, raison pour laquelle il chantera peu, mais propose tout de même des versions de Wasted et de Cold cold feeling.
C’est donc Marc Tee qui s’y colle dans son style inimitable empreint d’humour belge (Mr Cleanhead blues !) en même temps que d’authenticité soul blues. On espère d’ailleurs revoir très vite Marc Tee en guitariste et leader, puisqu’il semble revenir à la scène et vient d’enregistrer un album à Austin avec les frères Moeller ! Mentionnons enfin Dirk Van Der Linden, extraordinaire organiste belge qui partage avec Rusty Zinn d’excellents solos inspirés des meilleurs praticiens du genre dans les ’60s. Globalement un niveau de talent musical rarement vu et un plaisir partagé de jouer de ses trois instrumentistes qui ajoutait au bonheur de vivre cette soirée avec eux.
Et puis vient la ou plutôt les surprises du final : c’est d’abord Monsieur Franck Goldwasser, très classe, qui apparaît sur scène et empoigne une guitare pour interpréter deux titres, dont un swinguant Don’t you hear me cryin’ for you, sous l’œil admiratif de Rusty Zinn (qui connaît Franck depuis bien longtemps, à l’époque de leurs débuts à Oakland) et puis c’est le grand Benoit Blue Boy qui rejoint ses compères sur scène pour conclure la soirée entre autres avec un grand I hear you knockin’. Une soirée d’anthologie dont on aurait voulu qu’elle ne se termine jamais !
Texte : Éric Heintz
Photos © J-M Rock’n’Blues
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