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Live reports / 19.07.2024

Saint-Paul Soul Funk Festival 2024

Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), 5 et 6 juillet 2024.

Cette édition 2024 du Saint-Paul Soul Funk aura été compliquée par la météo, mais aussi par les annulations avant et pendant le festival lui-même, et il faut rendre hommage aux organisateurs qui ont su fidéliser au fil des années un public qui ne lui tiendra pas rigueur de ces imprévus et reviendra en 2025 honorer ce rendez-vous unique en France.

C’est la chanteuse britannique, originaire de Sheffield et basée à Londres, Kat Eaton qui ouvre le bal ce vendredi 5 juillet. Peu connue chez nous bien qu’ayant déjà sorti deux albums dont le récent “Honestly”, elle avoue être très marquée par sa collection de disques personnelle et propose une soul à fortes influences années 1970 comme le prouvent les reprises proposées en complément des compos personnelles extraites de ses deux albums. Kat Eaton se révèle être une très bonne chanteuse, qui retient peut-être même un peu trop sa voix, et les compos sont des mid-tempos servis par un groupe bien groovy, à l’anglaise, comme le montrent le gospelisant Step by step, le motownien Barricade ou le funky Checking in qui ouvre le set. Les covers sont intelligemment réappropriées grâce encore aux très fins musiciens de Kat Eaton, et par exemple le medley I feel the earth move/Rock steady (Carole King/Aretha Franklin) ou la version  inspirée par celle de Donny Hathaway de What’s going on portent bien la patte de la chanteuse. À revoir donc, sachant qu’elle sera de retour en France en septembre pour deux dates à Caen et Paris !

Kat Eaton

Speedometer, le retour ! Le groupe de funk instrumental britannique, présent dès la première édition du festival, venait jouer ce soir pour la première fois sur scène son dernier projet, les “Abbey Road Masters / The Funk and Soul Sessions” compilées en début d’année 2024 sur une édition vinyle très limitée. Huit musiciens sur scène, le leader et guitariste Leigh Gracie n’avait pas fait les choses à moitié pour ce concert unique en France puisqu’au quartet de base s’ajoutent percussionniste et section de trois cuivres. Les titres des morceaux parlent d’eux-mêmes : Heavy rotator, Sunset strut, Express train et autres Cookie dough, on est là en pleine ambiance deep funk fin ’60s-début ‘70s, orgue Hammond à la fête et cuivres pétaradants sur une rythmique impitoyable. Ce défilé de morceaux originaux n’est interrompu que par un détour chez le Kool & The Gang des débuts avec un furieux medley Let the music take your mind/Jungle boogie. Les habitués du festival viennent aussi pour danser et ils s’en donnent à cœur joie dans la nuit drômoise.

Speedometer

Les ennuis commencent le lendemain avec le remplacement annoncé de l’équipe anglaise de ATA Music Library Archives par le chanteur australien Joël Sarakula, méconnu par chez nous et adepte d’un disco funk légèrement psychédélique pas désagréable, mais qui finit par amener certains fidèles du festival à scander « We want the funk » vers la fin de son set. La thématique de la soirée était donc étonnamment très années 1980 avec en première partie un hommage à la grande Chaka Khan mené par la chanteuse britannique Sulene Fleming, ex-collaboratrice des Brand New Heavies et d’Incognito. Aidée par deux choristes et là aussi une large formation, Sulene Fleming restitue bien le dynamisme et le style vocal de la chanteuse américaine, mais c’est la pluie qui s’invite dans la soirée et l’oblige à jouer la majeure partie de son set sous une bonne averse. Le public reste stoïque lui aussi, ne voulant pas décevoir ces courageux organisateurs qu’ils soutiennent en habitués depuis plusieurs années. Malheureusement, la soirée se conclura par une mauvaise nouvelle avec l’annonce par  le directeur artistique Fabrice Garcia de l’annulation pure et simple de la troisième et dernière journée. En effet, pour cause de décès d’un proche, la chanteuse Michelle David ne peut être présente le dimanche et cela se traduit par zéro concert ce jour-là pour des raisons financières compréhensibles, ce qui malheureusement prive le public de ce qui était peut-être la prestation la plus attendue, celle du groupe de l’organiste Joe Tatton (New Mastersounds) et de son invité le très fin guitariste Lucas De Mulder qui devait présenter leur nouvel album “Galactico” paru la veille…

Une chose reste sûre, les organisateurs ont le soutien de leur public et tout le monde s’est en fin de compte promis de se retrouver quoiqu’il en soit en juillet prochain à Saint-Paul-Trois-Châteaux !

Texte : Éric Heintz
Photos © Leslie Heintz

Nicky Prince, Sulene Fleming, Sofia Jones

Joël Sarakula

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