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Chroniques / 12.07.2024

Son Of Dave, A Flat City

Après 26 ans d’exil à Londres, le Canadien Son of Dave est retourné vivre dans son pays natal. Bonne nouvelle : l’air pur des ­Prairies ne lui a rien fait perdre de son tonus ni de son caractère iconoclaste. Au contraire, on retrouve dans ce disque l’énergie communicative qui caractérisait son meilleur album en date, “Blues At The Grand” (2013). À commencer par l’idiosyncratique chanson d’ouverture, Where’s the party at, dont les paroles festives, le groove vigoureux, les chœurs braillards et le pont décalé entonné par la chanteuse aborigène Celeigh ­Cardinal fournissent une délicieuse entrée en matière.

La suite ne décevra pas les amateurs du célèbre one-man band : harmonica distordu, riffs de guitare asthmatiques (la grondante Yahoo), vocaux polymorphes détrempés au whisky, rythmiques qui alternent dénuement downhome, radiations ska et pulsations techno, percussions éthyliques, du blues (beaucoup), du rhythm and blues, un soupçon de country et de pop. Et, bien sûr, des paroles que l’on ne retrouve nulle part ailleurs (le boogaloo More mayonnaise). Mais ne nous y trompons pas. Derrière la frime, la gaudriole ou l’ironie grinçante (voire une certaine agressivité) se dissimule une sensibilité d’écorché vif. L’ultime morceau, Everything goes, troublante coda aux mélodies maladives qu’il dédie à ses proches disparus, dont son père Dave (à qui il doit son nom de scène) démontre à qui veut l’entendre qu’il sait émouvoir.

Un atout qui ne compte pas pour rien dans l’affection que l’on porte à cet artiste unique en son genre et dont on espère que l’éloignement ne le poussera pas à déserter les scènes européennes.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★
Label : Kartel Music Group
Sortie : 12 juillet 2024

albumSon Of Dave