James Cotton, Rocks
08.11.2024
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Nous avions salué en 2017 le premier essai de ce sémillant quintet de Memphis, copiloté par les sœurs Jackson et le guitariste israélien Ori Naftaly. Ils n’ont pas chômé depuis : plus de 300 concerts dans le monde entier (mais pas en France…), des premières parties prestigieuses (Buddy Guy, J.J. Grey), la reconnaissance de leurs pairs, dont William Bell, ravi de voir la jeune garde prendre la relève et venu déposer en voisin quelques vers de soutien (We’ve got the music, bel hommage à Stax et à Steve Cropper). Southern Avenue a donc accumulé de l’expérience et de l’assurance tout en conservant intactes ses qualités originelles : la fraîcheur, l’enthousiasme, l’exigence, l’ancrage local (ils ont tenu à enregistrer leur nouveau disque aux studios Sun, malgré l’exiguïté des lieux).
Contrairement au précédent CD, écrit et enregistré en moins d’une semaine, le groupe a eu le temps de fignoler ses compositions et de les roder sur scène. Cela s’entend : la rythmique a gagné en fluidité et le chant de Tierinii Jackson est plus séduisant que jamais, clair, souple, puissant, technique quand il le faut (les mélismes, les montées à l’octave). Sur le gospel-pop final, We’re gonna make it, elle est tout simplement exceptionnelle. Savoureuses, leurs chansons sont remarquablement bien construites : Keep on, dynamitée par son break a cappella ; Whisky love, soul blues qui se conclut en délire disco funk ; Jive, construite sur un riff cubique et des refrains extatiques ; Too good for you, aux délicieuses effluves country soul ; Savior, émouvante ballade cuivrée.
Un album de haut niveau donc, même si quelques surprenantes (mais rares) fautes de goût nuisent à la cohérence de l’ensemble (le funk anonyme The switchup ; la guitare bavarde et vulgairement saturée de She gets me high).
Ulrick Parfum
Note : ★★★★
Label : Concord / Bertus
Sortie : 10 mai 2019