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Live reports / 11.12.2023

The Baylor Project, Duc des Lombards, Paris

28 novembre 2023 (premier set)

Très populaire aux États-Unis – Marcus Baylor annonce même que le groupe a reçu la semaine précédente sa septième nomination aux Grammys –, le Baylor Project n’avait jusqu’ici jamais joué en France, et cette date parisienne marquait donc une première très attendue, aussi bien par le public (largement anglo-saxon, il m’a semblé) que par les principaux intéressés. Composé de Marcus Baylor, ancien batteur des Yellowjackets entendu également sur disque avec Cassandra Wilson, Kenny Garrett, Anita Baker et Avery Sunshine, et de son épouse Jean, découverte dans les années 1990 sous le nom de Jean Norris en tant que moitié du duo R&B Zhané, le duo matrimonial a conquis en quelques années et trois albums – dont un live – un large public. 

Il faut dire que la formule est d’une efficacité parfaite : un registre classique, à la limite parfois du smooth jazz mais nourri d’influences gospel – les deux Baylor sont enfants de pasteur… – et R&B, en particulier dans la voix cristalline de Jean Baylor, au service d’un répertoire mêlant originaux élégants et reprises pas trop habituelles, comme le gospel Great is thy faithfulness ou la ballade popularisée par Sarah Vaughan Tenderly. Si le couple star est évidemment en avant, y compris dans leur positionnement sur scène, c’est avec une certaine discrétion : Marcus Baylor n’abuse pas des effets attrape-gogos, et les arrangements laissent une large place à leurs complices du jour, le saxophoniste Keith Loftis, particulièrement inspiré au soprano, le pianiste Terry Brewer – qui apparaissent tous les deux sur les enregistrements du duo – et le contrebassiste Ameen Saleem

L’ensemble est évidemment bien rodé, et même les moments de complicité scéniques entre les deux époux semblent calibrés pour le public – ils sont au moins aussi complices à l’écart des projecteurs, cependant –, au point de manquer un peu de spontanéité et de paraître par moments un peu lisse, dans le show comme dans la musique. Le concert se termine d’ailleurs sans rappel – ni demandé par le public ni suggéré par les musiciens ! – après à peine plus d’une heure, sur une belle version d’un de leur titre phare, Only believe. Pas question de bouder son plaisir : l’ensemble du concert était de qualité, et le duo a évidemment beaucoup à offrir. Mais il manque peut-être à tout cela un peu d’urgence, voire de transpiration, pour être vraiment remarquable. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo © DR

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